Liberté retrouvée

Le duo féminin made in Nantes d’After The Bees a sorti son premier album début novembre. Afin d’en faire profiter les nantais en avant-première, les artistes feront leur release party le 7 décembre à Stereolux. Une harpe, une guitare et du chant sont les éléments qui composent ce projet. Inspirées par PJ Harvey ou Nick Young, Alexandra et Cécile se sont lancées il y a quelques années et ont raflé quelques prix (et non des moindres) depuis leurs débuts. Rencontre.

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Notre point de rencontre? C’est notre amitié avec Ana Igluka et Erwan Foucault du groupe « Resistenz ». Nous avons toutes les deux participé à leur album « Nos reflets égarés », et avions bien accroché le jour de leur release party. Une paire d’années plus tard, nous nous sommes retrouvées après un concert d’After The Bees, qu’Alexandra venait de monter et qui était à ce moment là un duo basse-guitare-voix. Cécile souhaitait remonter un groupe. Nous avons tenté de jouer ensemble, et ça nous a plu…

Quel a été le déclic pour vous lancer en duo ?

Ça n’était pas un choix. Ça l’est devenu. Nous avons découvert un terrain de jeu à deux. Nous avons commencé à composer ensemble, alors que les morceaux, avant, étaient écrits par Alexandra et arrangés par les membres du groupe. La guitare est devenue percussive, la harpe a déployé des sons, la voix, accompagnée par plus de mélodies, est libérée dans une recherche de sons, de rythme…

Malheureusement, les instruments comme la harpe sont très peu présents dans la musique actuelle. Que pensez-vous de ce manque de visibilité ?

La harpe électrique est un instrument récent, en plein développement. Il suffira de quelques morceaux-phares un peu connus pour que tout le monde ait envie d’en jouer! La harpe électrique offre une palette incroyable de possibilités, de sons, d’amplitude, c’est évident, elle a un rôle à prendre! Dans After The Bees, c’est une grande harpe électrique qui est utilisée, les basses sont dantesques, un bonheur!

Vous évoquez PJ Harvey et Neil Young comme inspirations ; d’autres artistes, notamment actuels, vous inspirent-t-ils ?

Bien sûr, des artistes actuels comme Asgeir, Low Roar, Timber Timbre, Half Moon Run, My Brightest Diamond, Moddi, Sigur Ros etc… nous parlent beaucoup. Mais notre inspiration ne vient pas que de la musique que l’on écoute. Nous avons été très touchées par Claudio Palmieri, plasticien italien dont le travail a été le point de départ de notre spectacle Let’s Rise!, l’univers visuel de Mattotti, de Cyril Pedrosa, d’Adrien M, de Dandypunk ou dans un autre registre de Pina Bausch ou de wajdi mouawad… Et puis toujours ce très nécessaire contact avec la nature…

« After the bees », quelle est la signification ? Votre pochette montre d’ailleurs un oiseau en gros plan, un rapport à vos valeurs ?

After The Bees, c’est l’évocation d’un monde, celui d’après la folie des hommes… Pour la pochette, Coralie Marie notre graphiste a fait appel à une artiste nantaise Elise Roy qui dessine des oiseaux au crayon à papier. Elle lui a demandé de dessiner un oiseau du paradis, inspiré par la première chanson de notre album : Birds of Paradise. Le texte de cette chanson, seule dont l’écriture est d’une autre poétesse, Ana Igluka, interroge la liberté des femmes. Un thème qui fait beaucoup parler en ce moment. Et puis nous sommes un duo féminin.

Avez-vous imaginé chanter en français ?

Alexandra : j’ai longtemps écrit et chanté en français, j’aimais ça. Et puis un jour j’ai voulu écrire une chanson pour une occasion particulière, en anglais. Ma voix ne sonnait pas pareil. Ce n’est pas le même instrument dans une autre langue. L’anglais correspondait de manière évidente à l’esthétique artistique que je recherchais.

La harpe contraint à un live plutôt statique. Comment avez-vous travaillé cela ?

Est-ce qu’on doit parler de contrainte? La dynamique d’un concert est surtout tenue par le jeu des musiciens. Nous avons beaucoup travaillé l’interprétation grâce à Michel Bonhoure. Et puis nous avons voulu travailler sur un concert immersif, avec des images projetées et une scénographie organique…

Nantes vous offre t-elle un cadre idéal pour le travail artistique ?

Nantes est une ville qui a une longue histoire avec la musique;
La ville aide les projets, propose des outils, des lieux ressources. Il y a à Nantes un foisonnement artistique et une densité d’acteurs culturels, et notamment de musiciens, qui donne l’occasion de créer facilement de nouvelles collaborations . C’est super pour travailler. Nous avons par contre besoin de lieux plus « nature » pour composer, alors on part en résidence pour travailler, comme à Clisson, à St Michel Chef Chef, à St Palais sur Mer…

 

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard