Des Sables à St Nazaire

Anaïs Vignon, danseuse passée par Nantes et Angers pour sa formation, partagera la scène avec 4 autres danseurs pour La Fugue en Question… qui sera notamment jouée au Théâtre de Saint-Nazaire. Montée par l’ADAMI*, cette œuvre a été créée par les chorégraphes Béatrice Massin et Pierre Rigal issus de deux univers différents. Anaïs Vignon vous en dit un peu plus …

Comment s’est passée votre rencontre avec Béatrice Massin et Pierre Rigal et la préparation de La Fugue en Question… qui en a suivie ?

Nous avons passé une audition organisée par l’ADAMI. C’est l’organisme qui a fait appel à deux chorégraphes pour monter ce projet. Les chorégraphes ont ensuite eu la liberté de faire la sélection de leurs cinq danseurs parmi 260 candidatures.
Pendant deux jours séparés en deux auditions, un premier tour et un deuxième tour, on a expérimenté leurs travaux qui sont totalement différents et à l’issue de ces deux jours, ils ont fait leur choix.
On a ensuite travaillé par période, deux semaines avec Pierre puis deux semaines avec Béatrice. La création était découpée.

Qu’évoque cette création ?

Le thème général est imposé par l’ADAMI, le titre en fait. Il y a deux pièces distinctes de 30 minutes, chaque chorégraphe a travaillé seul dessus. Ils ont tous les deux choisi une direction. Pierre a pris le mot « fugue » au sens propre et Béatrice, qui vient de la danse baroque, a choisi sa signification musicale. C’est une forme d’écriture en canon si l’on peut dire, avec différents instruments. Elle a souhaité transposer cette fugue musicale en chorégraphie en utilisant nos corps pour remplacer les instruments. Ça n’avait donc rien à voir !
Parlez-nous de vos débuts professionnels dans le milieu de la danse.
Je viens des Sables d’Olonne, j’ai pris une grosse décision en m’inscrivant au Lycée La Colinière pour entrer dans la filière sport-étude en lien avec le conservatoire de Nantes. J’y ai fait mes trois années de lycée là-bas en internat. C’était une décision très importante pour moi, j’avais besoin d’horaires aménagés pour continuer la danse et m’améliorer sans oublier les études. Mes parents m’ont soutenu dans cette démarche, Nantes n’étant pas très loin. C’est ce qui m’a convaincu et poussé à aller plus loin, j’ai enchaîné avec des auditions. J’ai été accepté au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers pour poursuivre ma professionnalisation. C’est une formation réputée, j’y ai passé deux ans, tout était lancé pour moi.

Pouvez-vous nous décrire une journée type pour une danseuse professionnelle ?

Lorsqu’on est en création, nous commençons à travailler à 9h ou 9h30 et nous terminons vers 17h30. Le midi, nous avons une pause d’une heure où chacun amène son repas. Après ça dépend de la façon de travailler des chorégraphes. Par exemple, avec Pierre nous nous échauffions tout seuls alors que Béatrice nous préparait quelque chose pour nous mettre dans la corporalité baroque car c’est plus spécifique. Le soir, il vaut mieux rester à la maison et se reposer sinon ça peut vite devenir compliqué ! (rires)

La danse hip hop a-t-elle réellement pris une place importante ces dernières années ?

A titre personnel, ça n’a jamais fait partie de ma formation. Je n’ai jamais eu de cours hip hop. Mais certaines personnes que je côtoyais venaient de ce milieu, j’ai appris à leurs côtés. J’en ai beaucoup fait l’an passé, j’aime bien mélanger les styles. La danse hip hop peut facilement se lier à la danse contemporaine, ça devient un naturel pour moi.
La danse hip hop prend surtout beaucoup plus de place sur scène, on n’en voyait pas autant par le passé. C’est une danse de rue qui s’est démocratisée et c’est super ! Cette mise en avant est légitime, la danse hip hop a toute sa place aux côtés des styles plus « classiques ». C’est né dans la rue mais c’est artistique et tous les styles peuvent se rejoindre. Certains danseurs hip hop touchent désormais à la danse classique ou contemporaine ou inversement.
Certaines auditions ne recherchent que des danseurs hip hop, c’était inimaginable il y a quelques années. C’est positif.

* société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes

 

« La Fugue en Question… »
Talents Adami Danse
Mardi 13 novembre à 20h30 au Théâtre de Saint-Nazaire
letheatre-saintnazaire.fr

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard