« On essaie ici de désacraliser l’image qu’ont les gens du théâtre. Le théâtre est avant tout divertissant. »
Le nouveau Théâtre de la Rue de Belleville a ouvert ses portes début décembre. Avant son ouverture, nous y avions fait un tour, l’heure était aux travaux de dernière minute. Dorénavant ouvert au public, le théâtre vous propose des pièces variées qui sauront plaire à chacun.
En janvier, vous aurez l’occasion de découvrir « Un couple ouvert à deux battants ». Régis Florès, metteur en scène et co-fondateur du théâtre aux côtés de Mathilde Banderly et Flore Vannier-Moreau, nous en dit un peu plus.
Quel est votre ressenti suite aux premières représentations ?
Régis Florès : Tout se passe très bien, on a eu beaucoup de monde à l’inauguration ! Beaucoup de gens du quartier sont venus découvrir le lieu. Certains étaient déjà venus pendant notre année de travaux, par curiosité.
Pour le côté technique, la salle et le son sont à la hauteur de nos espérances. Il nous reste encore quelques sièges à poser, notamment au balcon !
Après, pour le moment, nous n’avons pas beaucoup communiqué, nous débutons grâce au bouche à oreille. On est vraiment contents de ces débuts.
Concernant « Un couple ouvert à deux battants » qui sera jouée ce mois-ci, que représente cette pièce pour vous ?
RF : Je l’ai mis en scène il y a une dizaine d’années au TNT, ça avait très bien marché à l’époque. Ça faisait très longtemps que je souhaitais refaire cette pièce. Mathilde Banderly était partante et nous avons demandé à Mehdi Lecourt de nous rejoindre pour l’accompagner sur scène. Philippe Talaud sera également au casting de « Un couple ouvert à deux battants » mais il s’occupera principalement de la régie plateau car c’est un pièce mouvementée !
Qu’est-ce qui vous plaît dans le scénario ?
RF : C’est une pièce qui parle du rapport entre l’homme et la femme dans le couple et principalement de la souffrance d’une femme trompée par son conjoint. La pièce apporte une critique concrète à cette « habitude occidentale » où l’homme aurait le droit de tromper sa femme. Alors qu’à l’inverse, cela apparaît comme inadmissible. C’est une histoire tragique racontée d’une manière burlesque et très drôle. C’est une pièce de Franca Rame et Dario Fo qui a évolué au fil des représentations. Ils ont ajouté des éléments au fur et à mesure.
Il y a beaucoup d’interaction entre les personnages, les comédiens mais aussi le public. C’est très spontané.
Medhi Lecourt : Ce n’est pas une tragi-comédie. C’est une comédie pleine d’humour mais très intelligente. Çà part dans tous les sens !
Est-ce que cette pièce est le reflet de la programmation du Théâtre ?
RF : Oui et non, nous parlons de thèmes qui nous touchent. Mais il y a également des pièces d’auteur, des pures comédies comme « Cravate Club » qu’on a joué le mois dernier.
Avec les élèves du Théâtre, on va aussi monter « La Conférence des Oiseaux »* de Jean-Claude Carrière qui est un conte soufi du XIIè siècle qu’il a réadapté en français. Ça n’a rien à voir, même dans la forme. Les répétitions ont commencé au mois d’octobre et les représentations débuteront à la fin du mois.
L’évocation des sujets sociétaux est-elle liée à une volonté particulière ?
RF : Ces thèmes nous parlent et s’ils nous parlent, cela a forcément un impact aussi du côté des spectateurs. Nous sommes, dans une certaine mesure, le reflet de la société. On ne cherche pas à dénicher une pièce en corrélation avec l’actualité, cela vient selon nos envies. C’est ce que ce théâtre va pouvoir nous permettre, une liberté ! Le théâtre parle généralement de la condition humaine donc c’est finalement assez simple de le rapprocher de nos vies.
ML : Dans « Un couple ouvert à deux battants », comme c’est une traduction, on s’est permis de faire quelques allusions à l’actualité. Nous avons ajouté des références contemporaines notamment sur le harcèlement sexuel.
RF : Notre volonté première est de discuter avec les spectateurs du thème de la pièce après le spectacle. On privilégie vraiment le sujet à la forme, c’est ce qui est intéressant. La forme est « seulement »
là pour divertir les gens. Après, le thème de cette pièce est vraiment ancien, on l’a toujours vu au théâtre. Le plus, ici, c’est que le scénario pousse vraiment le questionnement sur l’adultère. La femme est mise en avant de par sa souffrance.
ML : La pression reposant sur cette femme est tellement forte que cela explose et c’est dans ces moments que le burlesque et l’humour apparaissent. C’est une pièce pleine d’énergie.
Un mot pour les nantais en quête de découvertes culturelles ?
RF : On essaie ici de désacraliser l’image qu’ont les gens du théâtre. Le théâtre est avant tout divertissant.
Mathilde Banderly : Il faut oser passer la porte. Nous accueillons chaleureusement les gens dans notre théâtre. Il ne faut pas hésiter à venir découvrir le lieu en commençant par prendre un verre à notre bar. (rires)
RF : On va développer les spectacles de chanson dans la partie « épicerie », cela a très bien fonctionné lors de l’inauguration.
*La pièce sera jouée à partir du 17 janvier par les 2ème années de l’école du TPN.
Les auditions d’entrée se dérouleront en juin prochain (plus d’information tpn44.fr).
« Un couple ouvert à deux battants » de Franca Rame et Dario Fo
Mise en scène Régis Florès
Avec Medhi Lecourt, Mathilde Banderly et Philippe Talaud
Tous les vendredis et samedis du 05 janvier au 03 mars 2018 à 19h
Théâtre de la Rue de Belleville à Nantes
Réservations : theatrepopulairenantais@gmail.com
02 85 52 68 16 – tpn44.fr
Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard