Dominic Sonic c’est tout d’abord le fameux album « Cold Tears », qui sort en 1989 et qui fait de l’ancien chanteur rennais des Kalachnikov un artiste incontournable de la scène hexagonale au début des années 90. Inspiré par le Velvet, les Stooges, Lennon, Neil Young ou Suicide, il gravite en marge du mouvement alternatif alors à son apogée. Jamais sous les feux de la rampe mais toujours présent, aimé par un public érudit, respecté par la bande, Dominic Sonic fait partie des artistes qui durent. De ceux dont le style n’appartient qu’à eux. Unique. Souvent copié, jamais égalé. Preuve à l’appui avec ce sixième album, Vanités #6, huit années après le précédent, ou le gentleman fougueux et stylé aux cheveux lissés nous offre une nouvelle perle de folk-rock, aux abords d’une simplicité arrogante, alternance de morceaux fougueux et de ballades. Et de s’apercevoir une fois de plus que l’intemporalité du rennais reste son meilleur allié, lui permettant de sortir des albums proches les uns des autres mais jamais marqués d’une époque.Sa présence dans les médias est rare, nous sommes partis à la rencontre du rennais…
Dominique bonjour, pourquoi avoir attendu autant de temps avant de sortir ce nouvel album ?
Il y a plusieurs raisons, d’une part parce que je ne suis pas très très rapide (rires)…
En fait la plupart des morceaux ont plusieurs mois voire plusieurs années et potentiellement ce disque aurait pu sortir il y a deux ou trois ans… Après il y a eu des complications d’ordre logistique, la difficulté de trouver un label, la façon de sortir cette album, et puis ensuite il y a eu le manque de disponibilité de mes petits camarades de Bikini Machine avec qui je voulais enregistrer cet album et qui étaient très pris par leurs activités en groupe mais aussi avec la tournée de Didier Wampas..
Et puis en partie aussi, il faut l’avouer, par fainéantise de ma part, pas toujours volontaire, mais j’ai toujours eu du mal à projeter plus avant ce que j’écris… J’enregistre des petits bouts mais jamais rien d’abouti, et il y en a toujours qui passent à la trappe, que j’abandonne, que je reprends, ce n’est pas toujours bien organisé de ma part et ce n’est pas toujours simple de les reprendre, il faut souvent les revoir entièrement. Et puis c’est dommage car en France on a moins la culture du single comme en Angleterre, ou les groupes sortent des singles très régulièrement entre deux albums. C’est toujours plus compliqué et très long en France, au mieux on sort un album tous les deux ans et encore en ayant un contrat avec une maison de disques. Après j’imagine bien que si je vendais un peu plus, ce serait plus simple, il y aurait un label qui pousserait derrière, Il y aurait une vraie logistique, alors que là, honnêtement, personne ne m’attend, ne me pousse…
Mais bon, à vrai dire, il y avait déjà eu ce même gouffre entre les deux précédents albums…
Cela étant, j’espère bien ne pas laisser passer autant de temps d’ici le prochain, car j’ai déjà des idées, des titres de prêts et je ne voudrai pas les laisser filer. Je peux être prêt rapidement…
Le choix de la langue, entre l’anglais et le français, ça reste un dilemme pour toi ?
Sur cet album il y a beaucoup plus d’anglais mais je ne me fixe pas vraiment de règles. Lorsque je compose, je commence toujours en français, après je repasse à l’anglais si ça ne fonctionne pas, si le texte n’est pas convaincant ou que l’élan mélodique ne suit pas … C’est vraiment au cas par cas. Dans le cas de cet album, il n’y a que deux morceaux en français car ce sont les deux seuls qui fonctionnaient. Certains ont été enregistrés dans les deux langues, comme « Never Learned » par exemple, et puis j’ai tranché… Je demande parfois l’avis de quelques personnes mais en général je m’en rends vite compte. Parfois aussi je me force car je sens qu’un titre se doit d’être en français… En fonction du contenu du texte notamment. Un texte qui me tenait absolument à cœur et que je voulais vraiment passer comme tel…
Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?
Je compose vraiment seul, et c’est seulement la fin, en studio, que l’on travaille avec les Bikini comme un collectif. Mais au départ les titres sont vraiment mon jardin secret…
L’album offre compte tenu de toutes mes influences et du temps passé à l’écrire un registre assez disparate, avec parfois des gouffres entre deux morceaux, la reproduction de plusieurs choses que j’aime, sans trancher, sans thématique principale. J’ai juste fait en sorte que les arrangements électro qui sont chers à mes camarades des Bikini ne soient pas trop présents car je trouve que ça datait un peu trop les titres dans le temps, et je ne voulais pas être tributaire d’un registre du moment.
J’aime faire des morceaux potentiellement écoutables bien des années après…
Vous répétez actuellement pour préparer une tournée, on peut s’attendre à quoi sur scène, quelle formation.
Il y aura donc mes camarades de Bikini, comme d’habitude, avec Franck et Pat et Romain, on peut s’attendre à un set très rock and roll bien entendu, avec bien sûr une part belle au nouvel album et toujours des morceaux anciens! La setlist finit plutôt sur les morceaux les plus « bruitistes », ceux qui permettent de partir en live, de les rallonger, d’improviser, de franchir le mur du son…
Tes projets pour les mois à venir ?
L’avenir sera bien sur dicté par le succès de l’album et le nombre de dates de la tournée. En parallèle, je produis le nouvel album d’Olivier Delacroix et je réalise également pour un autre artiste mais c’est confidentiel pour le moment. Puis je vais vraiment essayer de me mettre très vite à la compo du nouvel album, de reprendre un rythme normal tournée-enregistrement qui est la base du métier….
Propos recueillis par Laurent Charliot