Lolo Zouaï offre quelque chose de novateur par son travail. Mixer le Français et l’Anglais dans ses chansons, d’autres l’ont fait par le passé mais avec une réussite souvent limitée.
Le titre « Moi » dévoilé cette année dans son premier opus caractérise la musique de l’artiste qui n’a vécu que ses trois premiers mois dans l’hexagone. Elle y mélange ses deux langues et les alterne magistralement. Pour celle qui a grandi en écoutant Brel, Hardy, Aaliyah ou Britney Spears, « la musique bilingue voire trilingue incarne le futur » confiait-elle à nos confrères d’Antidote en avril dernier.
Découverte et propulsée sur le web fin 2017 avec son titre « High High to Low Lows », la chanteuse Franco-Algérienne n’a pas mis longtemps à séduire le public français mais également ses confrères. On la retrouvait d’ailleurs sur l’excellent Bisous de Myth Syzer sorti l’an passé avec « Austin Power », de quoi améliorer sa notoriété francophone.
Le R’n’B revient petit à petit sur le devant de la scène, on pense aux précurseurs de ce deuxième round Frank Ocean et The Weeknd ou à la gent féminine qui comptent H.E.R (avec qui Lolo a collaboré sur « Still Down »), Sabrina Claudio ou Ella Mai dans leurs troupes. Nous avons désormais notre pépite cosmopolite et rien ne l’arrêtera, pas même l’Atlantique.
Tu vis aux Etats-Unis depuis ton plus jeune âge. Viens-tu davantage en France depuis que tu es dans la musique ?
Je venais tous les deux ans, quelque chose comme ça. C’était souvent l’été car ma mère devait travailler aux Etats-Unis. On était donc chez mes grands-parents ou chez ma tante. Après le lycée je ne venais plus vraiment. La musique m’a beaucoup rapprochée de la France.
Penses-tu que ton public est majoritairement français ?
Il est international plutôt. Des gens me suivent des Etats-Unis bien-sûr mais aussi de Corée par exemple. La France est vraiment petite par rapport aux Etats-Unis, je remplis des salles de capacité similaire que ce soit à Paris ou à New York. En France, on a l’impression de se faire connaître plus rapidement grâce à la taille du pays. Aux USA, il faut être patient, cela prend du temps de parcourir les Etats avec sa musique. C’est tellement immense ! (rires)
Notre génération aime beaucoup le passé. On le voit notamment avec l’essor du vintage. C’est plutôt normal que ce soit la même chose avec la musique.
Selon toi, qu’est-ce qui plaît dans ta musique pour que celle-ci marche aux quatre coins du globe ?
Je pense que le fait de venir de plein d’endroits, cela permet de toucher davantage de personnes. Cela n’est pas commun. Les gens se reconnaissent dans certains propos grâce à ça.
Comment t’es-tu professionnalisée ?
J’ai débuté avec des prods faites par moi-même avant de trouver des personnes qui comprenaient ce que je voulais faire. J’ai expérimenté pas mal de choses, de la trap au r’n’b, des trucs très sombres parfois. A 19 ans, plusieurs maisons de disques ont voulu me signer mais ce n’était pas ce que je recherchais, je voulais avancer seule et ne pas suivre des directions imposées. J’ai donc avancé en solo pendant deux ans avant de trouver les personnes avec qui je travaille encore aujourd’hui.
Plus jeune, imaginais-tu chanter un jour en français ?
Non pas du tout mais ça a changé avec « High Highs to Low Lows ». Je ne mets pas toujours de Français dans mes textes, c’est vraiment quand cela apporte quelque chose en plus, quand je le sens.
Le R’n’B revient sur le devant de la scène. On pense notamment à H.E.R, Sabrina Claudio ou l’espagnole Rosalía. Pour toi, qu’est-ce qui a permis ce retour en force ?
Notre génération aime beaucoup le passé. On le voit notamment avec l’essor du vintage. C’est plutôt normal que ce soit la même chose avec la musique. Ce sont des tendances, ça revient, ça repart, c’est toujours comme ça.
Pour toi quels sont les bons et les mauvais côtés de ta vie américaine ? En comparaison avec la France que tu connais davantage maintenant.
Je me sens beaucoup plus américaine, j’ai parfois du mal à comprendre les normes sociales ici. Tout à l’heure, on était au restaurant, on sortait du lit, il était 12h. On commande un café avant de manger, la serveuse ne comprenait pas. (rires) C’est un détail mais certaines choses sont parfois plus difficiles à saisir quand l’on vient d’ailleurs.
Est-ce assez compliqué pour toi de te réadapter quand tu reviens ici ?
Il m’arrive de perdre mes mots mais généralement je m’en sors plutôt bien !
Dans le morceau « Moi », tu dis n’être pas vraiment chez toi. Qu’entends-tu par ces paroles ?
Quand j’avais 19 ans, je suis venue travailler à Paris. Je vivais dans ma famille mais je ne me sentais pas chez moi pour autant. J’ai écrit ce morceau bien après mais il évoque cette période de ma vie. Je suis partie assez rapidement de Paris, je me disais « Mais qu’est-ce que je fais là ? ». (rires) J’ai passé Noël avec ma mère aux Etats-Unis, ça a été le déclic pour moi, pour revenir définitivement.
J’aime bien bouger, déménager, ne pas rester en place. Depuis 5 ans, je vis à Brooklyn, c’est un peu différent cette fois, je m’y sens tellement bien. Sinon, j’ai grandi à San Francisco, cette ville restera toujours très importante pour moi.
Tu as collaboré avec Myth Syzer, parles-nous de cette rencontre.
C’était il y a deux ans et demi. Je passais par Paris, je n’y connaissais pas grand monde. J’ai demandé à mon pote s’il connaissait des producteurs disponibles, j’avais envie de faire de la musique pendant mon séjour. C’est comme ça que je me suis retrouvé à bosser avec Myth Syzer. On a fait « Austin Power », c’était vraiment cool.
Un(e) artiste américain(e) à nous conseiller ?
Bigklit, elle est très vulgaire par contre ! (rires)