Lomepal, pâleur rosée
Le 30 juin dernier sortait Flip, nous sommes en février et nous l’écoutons toujours. Lomepal a donc réussi son pari, faire vivre son album des mois durant. Côté scène, le rappeur parisien affole les compteurs, les concerts affichent « sold out » les uns après les autres. Après Rezé en octobre dernier, il fera salle comble à Stereolux. Petite mise en bouche.
Lomepal, pour le jeu de mot ?
A l’époque, enfin en 2011, j’avais un autre nom : Jo Pump. Après, j’ai eu l’envie de changer, d’avoir quelque chose un peu plus à moi. J’aimais bien l’expression « visage pâle » que l’on retrouvait souvent dans les Western. Et puis Lomepal, j’ai tout de suite trouvé que ça sonnait bien.
Le skate avant le rap ?
Oui complètement, j’ai toujours fait du skate, le rap est venu bien après.
Tu as sorti 3 EP avant Flip, pourquoi avoir attendu si « longtemps » ?
J’ai toujours eu l’envie de sortir un album mais je ne me sentais pas prêt avant, je voulais accumuler des expériences. Ces 3 EP étaient finalement nécessaires. Après j’ai aussi balancé un 3 titres en 2016 intitulé ODSL, c’était vraiment du bonus, je mettais trop de temps à sortir l’album. En quelque sorte, ça comblait le vide depuis la parution de Majesté en 2015. C’est un peu comme de la muscu, ça m’a permis de rester en forme. (rires) Mais hormis ce projet, tout le reste était prévu.
Ton album est vraiment personnel, était-ce une volonté de garder cette intimité pour ton premier album ?
Exactement, tous les morceaux qui comptaient à mes yeux comme celui sur ma mère ou celui sur le skate, je voulais absolument les placer sur mon premier album. Je gardais ça en réserve.
Flip t’a t-il demandé beaucoup plus de travail ?
Oui, vraiment. J’ai bossé deux ans dessus, ce n’est pas comparable avec mes autres sorties. J’ai jeté beaucoup de morceaux, je ne faisais pas ça avant. Je voulais quelque chose de cohérent sur Flip. La démarche n’est pas la même. Et je chante beaucoup plus qu’avant, ça demande plus de boulot.
Parles nous du visuel de la pochette qui est plutôt particulier.
Le nom de l’album est un hommage au skate, le « flip » étant une des figures de base de la discipline. Cela aurait été trop facile de mettre un skate sur la pochette donc j’ai cherché un autre moyen d’illustrer ce mot. Je me suis donc intéressé à toutes ses déclinaisons. Le retournement, le passage d’un extrême à l’autre… Le fait de me travestir illustrait bien cela selon moi.
De quel titre es-tu vraiment fier sur cet opus ?
Il y en a plusieurs. J’en ai fait certains pour la musique, d’autres pour le style et d’autres avec le cœur comme « Yeux disent », « Bécane », « Sur le sol » et « Bryan Herman ».
Tous tes concerts ou presque font « sold out », comment vis-tu ça ?
Je suis vraiment fier que ça arrive pour l’album vu le temps que j’ai passé à bosser dessus. Je ne peux être que satisfait que le succès arrive avec Flip. J’ai eu le temps de devenir plus mature, plus professionnel dans ce que je faisais. J’adore cet album, le public aussi, c’est tellement cool !
Le nombre de vues, de ventes et de streams continuent d’augmenter, c’est ça ma plus grande réussite, faire vivre l’album dans le temps.
Trouves-tu que le rap français est d’autant plus mis en avant de nos jours ?
Je ne m’en rends pas trop compte, je ne suis pas trop télévision ou radio, plutôt internet à vrai dire. Et sur le web, il y a toujours eu beaucoup de place pour la musique, quelle qu’elle soit. Que ce soit avec le buzz, les clips ou autre.
Après pour revenir sur la médiatisation, les gens qui ont une vraie culture urbaine dirigent rarement des émissions de télévision donc on est forcément moins représentés. Mais certains artistes n’ont pas non plus envie de se montrer en télé, ça a toujours été particulier comme rapport.
Pour revenir sur la télévision, Vald a connu une mauvaise expérience dernièrement sur C8. D’autres rappeurs ont vécu ça par le passé. Et toi, si jamais tu étais invité chez Ardisson ou autre, accepterais-tu d’y aller ?
J’irais partout, il n’y a pas de mauvaise promo ! Comme un tout-terrain. (rires) Je dis « bonjour » et je m’en vais, tant pis si l’émission est nulle.
Vald a subi sur le moment mais sa réponse sur les réseaux sociaux était réussie.
Quel album t’a marqué récemment ?
Mourn le premier album de Corbin, c’est un mec du Minnesota, c’est très chanté. Il s’appelait Spooky Black avant. L’album est en grosse partie produit par Shlohmo, c’est excellent ! Ce n’est pas médiatisé, c’est très indé. Assez authentique. C’est sorti en septembre.
Que penses-tu de cette nouvelle génération du rap français ? Jazzy Bazz, Deen Burbigo, Georgio …
On commence déjà à se faire vieux dans le rap. (rires) Je trouve qu’on a tous un style différent. Jazzy Bazz se produit avec un band sur scène, c’est très jazzy d’où son nom. Deen, il est très actuel dans ce qu’il fait, très trap / club. Moi, je dirais que c’est un peu plus « rock ». Georgio, c’est encore autre chose, le but étant de chacun amener son truc. Il y a beaucoup moins de barrières qu’avant, c’est sûr. C’est très décomplexé par rapport à ce qui se faisait dans le passé.
Ta date à Stereolux est complète, un mot pour les nantais qui viendront te voir ?
Ce sera chan-mé ! C’est une ville que j’affectionne mais mon public le sait déjà. J’ai fait beaucoup de dates ici, 5 ou 6 et ça a toujours bien bougé. Il y a un grand soutien à Nantes, j’adore. J’espère que ça continuera.