« A mes débuts, mon père était très fier de ma réussite, il a tellement souffert de cet exil au Québec, sans aucun argent »

Rachid Badouri revient à proximité de la Cité des Ducs, à Carquefou, pour vous présenter son nouveau spectacle qui se veut d’autant plus personnel. Il a d’ores et déjà hâte de vous retrouver quelques années après sa première date française à … Nantes.

Quel regard portez-vous sur votre carrière jusqu’à aujourd’hui ?

Rachid Badouri : Si je réponds comme un artiste qui ne sera jamais content, je vais vous dire que j’aurais pu en faire plus. Mais l’humain en tant que tel est plutôt reconnaissant. J’ai vécu de très beaux moments et j’en vis encore. L’amour du public par exemple, c’est extrêmement touchant. Voyager à travers la planète pour faire ce qu’on aime, il n’y a rien de mieux.

Comment êtes-vous arrivé dans ce monde-là ?

J’ai toujours aimé divertir mes amis, ma famille. J’ai eu un déclic le jour où j’ai participé à une audition pour le festival Juste Pour Rire. Ils cherchaient de nouveaux talents pour leur prestigieux gala. J’ai été sélectionné et derrière, ils m’ont signé pour un spectacle solo.

Parlez nous de cette expérience Juste Pour Rire que nous, français, connaissons également très bien.

Ils m’ont montré toutes les bases, je n’avais jamais suivi de formation ni rien. Une belle équipe de production m’a entouré. J’ai pu faire tranquillement mes preuves. C’était important pour moi de montrer que ma première apparition en public n’était pas un coup d’épée dans l’eau. Il fallait que je me le prouve à moi-même également. J’ai fait beaucoup de scènes et notamment en France, c’était très formateur. Ce n’est pas au public de s’adapter à notre humour, c’est à nous de les séduire. Tu ne peux pas leur imposer d’aimer ce que tu fais. Ça a été le début de beaucoup de choses.

Quel a été votre meilleur souvenir jusqu’à maintenant ?

Je viens de Laval, une petite ville du Québec. Pour mon premier spectacle, on a fait une campagne d’affichage. Ma mère et mon père habitaient sur un petit boulevard où il y avait un emplacement d’affichage. J’avais demandé qu’il y ait spécifiquement une affiche à cet endroit même si elle ne servait à rien en matière de visibilité. (rires) Je voulais simplement que mes parents la voient en sortant de chez eux. Mon père avait eu les larmes aux yeux, il s’était installé devant avec une chaise ! (rires) J’avais volontairement mis « Badouri » en plus gros. Mon père était très fier de ma réussite, il a tellement souffert de cet exil au Québec sans aucun argent.

Votre nouveau spectacle est-il plus personnel que le précédent ? Est-ce plus simple à écrire ?

Énormément, c’est un spectacle qui décrit les 5 ans qui ont suivi mon premier spectacle. J’ai connus des hauts et des bas, mon mariage, la perte de ma maman, le début du succès … J’ai voulu en faire un spectacle. C’est une thérapie personnelle en quelque sorte mais je me suis rendu compte qu’à force d’en parler, beaucoup de gens vivent des choses similaires. On se sent moins seuls.

C’est plus simple à écrire mais c’est très douloureux. Tu n’as pas besoin de puiser dans le journal, dans l’actualité ou dans tes péripéties du quotidien.

N’est-ce pas compliqué de trouver des thèmes ou des sketchs propres à soi-même ?

C’est très difficile effectivement mais cela devient facile lorsque l’on se rapproche de la vérité. Lorsque j’ai commencé, je n’aurais pas imaginé faire un spectacle aussi personnel un jour. C’est en vieillissant que l’on change sa façon d’écrire. Le mariage, la mort de proches, la naissance d’un enfant, tout ça arrive avec le temps. Ce n’est pas rien, ça change une vie. Trouver la bonne vanne n’est pas simple et lorsque les humoristes abordent des thèmes similaires, on peut parfois faire des rapprochements entre eux qui ne sont pourtant pas forcément voulus à l’origine.

Quels sont vos coups de cœurs humoristiques du moment ?

Roman Frayssinet est vraiment très fort sur scène ! Le dernier spectacle de Fary est génial également. Il y en a plusieurs de cette génération qui m’impressionnent.

Un mot pour les nantais ?

J’aimerais les féliciter car c’est un public qui encourage beaucoup l’humour. Lorsque l’on annonce une date à Nantes, les billets partent tout le temps rapidement. Ils n’ont rien à envier à Paris. J’ai d’ailleurs commencé ma carrière française à La Cité des Congrès lors d’une date du Festival Juste Pour Rire !

Rachid Badouri
Samedi 23 mars au Théâtre de la Fleuriaye
kproduction.fr