Lorraine de Sagazan enchaîne les créations depuis la naissance de sa compagnie La Brèche il y a quelques années. Après Une Maison de Poupée ou plus récemment Les Règles du Jeu, elle monta avec son équipe L’Absence de Père pour le festival lyonnais Les Nuits de Fourvière en juin dernier. Cette pièce est actuellement en tournée et passera par le Théâtre Universitaire de Nantes en collaboration avec le Grand T.
De par le titre de l’œuvre, nous savons tout de suite que nous avons affaire à une pièce sociétale. Effectivement, une poignée de trentenaires monteront sur les planches pour représenter un panel de personnes. Les problématiques ne sont pas les mêmes qu’à l’heure où Anton Pavlovitch Tchekhov écrivit son œuvre. Qui plus est, la culture française s’avère bien différente. Cependant, cette réadaptation efface assez facilement les années et la distance qui nous séparent du premier texte.
La libre interprétation de Platonov de Tchekhov permet d’explorer une partie de ces vies actuelles plus ou moins détruites par l’absence d’un père. Les péripéties liées aux vies de famille sont aussi nombreuses que variées. Mêlant au texte initial du dramaturge russe, avec notamment les dires dérangeants du personnage philosophique Platanov, ceux issus d’entretiens menés avec leurs propres pères et pairs, les comédiens soulèvent de nombreuses questions. Tous ces propos, sur fond d’héritage paternel, s’échangent dans la grande maison qu’Anna Petrovna, hôte d’un soir, s’apprête à vendre. Ainsi, en pleine campagne, ce groupe de trentenaires se retrouve autour d’un repas et débat tout au long de la soirée, entre rires et disputes.