J’aime bien le mois de janvier.

C’est paradoxal parce que déjà j’aime pas le froid, j’suis pas un grand fan de vacances, et puis les lendemains de jours fériés ça a tendance à me filer le bourdon.

Techniquement on ne devrait pas se sentir bien différemment, pourtant décembre et janvier ça n’a rien à voir.

Un 2 janvier c’est une page blanche, une opportunité qui nous met au défi. C’est un exercice amusant à faire d’ailleurs, se mettre devant une page blanche. On l’a beaucoup fait, enfant, on laissait libre cours à nos envies : dragons, chevaliers, maisons, soleils, princesses, lettres majuscules, ou bien couper, déchirer, coller et puis chiffonner, plier, déplier et puis jeter ou encadrer… On était si fier de petites choses. Pourquoi perd-on ce plaisir en grandissant ? Ou alors on n’y pense juste pas ? Et puis il y a toujours un brin de ménage à faire ou un smartphone à portée de main.. Alors qu’on peut faire beaucoup de chose avec une simple feuille blanche, une liste ? un avion ? un dessin ? un poème ? une lettre ? Sans conséquence, sans but précis. J’ai l’impression qu’en grandissant on ne fait pas grand chose qui n’ait pas un but précis.

Pour avoir la chance d’avoir fait de mes pages blanches des chansons qui elles mêmes m’ont offert un métier, je peux témoigner d’une chose : remplir une page sans réfléchir donne souvent quelque chose qui a du sens. C’est étrange non ?

Alors vous qui lisez ces mots je vous souhaiterais bien une bonne année, mais je vous souhaite surtout de prendre le temps de vous poser devant une page blanche.

Aymeric Maini
Sortie de Winter Sun le 31 janvier
labouchedair.com