Personnage à l’enveloppe épaisse et bleue, de prime abord sans visage, et à la carrure imposante Blueman suscite questionnement et intrigue. Son absence de parole rend tout d’abord son approche neutre et sans à priori. Son apparence provoque alors le hasard, la rencontre, et « invite tout un chacun à se projeter sur lui – l’Autre par excellence – ».

« L’Homme Bleu » a ainsi passé 20 ans à parcourir le monde, de Calcutta à Nantes en passant par New York. Il s’affranchit de toute frontière qu’elle soit culturelle, sociale, sexuelle. C’est un être vivant pouvant être considéré comme mi-homme mi-animal avec lequel il est simple de rentrer en contact, plus simple même qu’un humain à part entière. Il accroche le regard et crée une situation. Une dame croisée au marché à Tokyo lui apportera ainsi simplement à manger, sans savoir son histoire ni comment il a atterri là. Ailleurs, une jeune femme musulmane fera naturellement un câlin à « l’Homme Bleu », ce qu’elle n’aurait sans doute pas fait spontanément à l’homme seul sans cette combinaison.

Si sa démarche semble dérisoire, les réactions et situations qu’il entraîne sont néanmoins pleines d’humanité. Il relie les gens, partage quelques instants leur histoire et d’une certaine façon, les rassemble.

Toujours la caméra à l’épaule, André Kuenzy -être humain et « Homme Bleu »- documente ainsi ses rencontres et ses expériences. Avec la vidéo comme premier moyen, mais aussi par des photos, des scripts ou des dessins. Il propose ainsi par une exposition l’expérience de « rentrer dans l’Homme Bleu », on y découvre la vision de celui-ci en rentrant dans une tente reprenant sa forme. On découvre alors ses souvenirs vidéo & audio et son ressenti en totale immersion.

Une expérience à la fois douce et poétique où on apprécie partager le point de vue simple et sans préjugés sur l’Humanité, porté par « l’Homme Bleu ».

Blueman on tour
Jusqu’au 5 janvier au Lieu Unique
lelieuunique.com

Nina Ducleux