60 minutes de bonheur
Kheiron était de passage il y a quelques mois pour passer 120 minutes avec le public nantais. L’occasion pour nous de rencontrer cet artiste aux multiples facettes. L’acolyte de Kyan Khojandi nous a notamment parlé de sa carrière cinématographique et de son prochain film qui sortira l’an prochain.
Lemon : Je t’ai personnellement connu avec la série Bref., raconte nous ton parcours en quelques mots.
Kheiron : Depuis bref j’ai notamment fait le film Nous 3 ou rien ! J’ai beaucoup tourné sur scène également, je jouais 5 fois par semaine pendant 2 ans. Ça m’a permis de battre le record de longévité de la salle L’Européen à Paris. Ensuite, j’ai joué à l’Alambra qui est une plus grande salle et maintenant je suis au République jusqu’à fin avril.
Je commence un peu plus à sortir de la capitale, je suis déjà venu à Nantes d’ailleurs, la première fois j’étais tombé gravement malade et cela m’avait contraint d’annuler. Je suis revenu dans le cadre d’un festival et je suis retombé malade… C’est ma bête noire cette ville (rires). La seule fois où cela s’est bien passé, c’était au Théâtre 100 noms il y deux ans. Superstition !
On vient de programmer une nouvelle date nantaise en fin d’année* !
Un petit mot sur ton deuxième film Mauvaises herbes qui sortira en 2018 ?
Kheiron : Rapidement, c’est un film sur l’éducation. Je ne peux pas vraiment en dire plus. Je le réalise et j’y joue. La première partie du casting a été dévoilée (NDLR Catherine Deneuve, André Dussolier et Leïla Boumedjane), je crois beaucoup en ce projet !
On ne me voit pas beaucoup au cinéma car je fais attention à ne pas tout accepter. J’ai des valeurs que je respecte et je souhaite que le public sache que lorsque que je suis sur un projet, c’est qu’il me tient à coeur. Ma filmographie est maigre, Bref. en télévision, Les Gamins et Nous 3 ou rien ! Depuis ce dernier je n’ai pas tourné, j’essaie de me faire rare. Le cinéma c’est vraiment en plus, je pourrais me limiter à la scène. Ça a demandé vraiment beaucoup de travail d’avoir ce « luxe » de choisir.
Ce n’est pas un peu compliqué la multiplication des casquettes (scénrariste, comédien …) sur un même film ?
Kheiron : Ça demande beaucoup de logistique et un entourage réactif qui permet d’alléger la masse de travail. Ce sont des passions différentes, c’est prenant mais c’est vraiment génial. Tu as une idée pour toi et deux ans plus tard c’est un film que les gens voient. C’est une sensation étrange !
Nous 3 ou rien est sorti en novembre 2015, on est début 2017 et j’en entends encore parler tous les jours. Le cinéma vit toujours, même longtemps après.
As-tu toujours voulu te diriger vers le cinéma ou cela est venu avec le temps ?
Kheiron : On est venu me chercher pour Les Gamins, ça m’a donné envie d’en faire plus.
Quitte à faire du cinéma, autant essayer de faire les choses du mieux possible. J’ai voulu raconter l’histoire de mes parents, je l’ai écris puis je l’ai réalisé avec Nous 3 ou rien. Simon Istolainen, le producteur, m’a fait confiance et c’est aujourd’hui devenu mon associé. Nous sommes en train de monter une boîte de production de cinéma. Pour revenir sur Mauvaises Herbes, ce thème de l’éducation nous tenait à coeur tous les deux.
Explique nous le concept de ton spectacle et pourquoi as-tu fait ce choix ?
Kheiron : Je ne ferais jamais de DVD de mon spectacle. Quand les gens viennent me voir sur scène, c’est pour me voir et non pas pour voir tel ou tel spectacle de Kheiron. Je créé un moment unique avec le public. J’interagis beaucoup avec les spectateurs et je les intègre complètement au spectacle. Je promets un rire toutes les 7 secondes sinon c’est ennuyeux. En 60 minutes je n’ai pas le droit d’avoir de flottements dans mon spectacle. S’ils reviennent me voir une autre fois, ce sera différent. J’ai des blocs dans ma tête, sur un même thème je vais avoir plusieurs passages par exemple. Et selon les soirs je choisis tel ou tel passage.
Le début du spectacle est toujours le même afin de faire connaissance avec le public, j’ai donc 10 minutes non improvisées. Le reste du spectacle, cela change entre de 10 à 90% chaque soir. Je ne joue jamais 2 soirs de suite la même chose. J’ai 2h30 de spectacle dans ma tête et je pioche dans tout ce répertoire. Mon ancien spectacle faisait 1h40, j’y ai rajouté de nouveaux textes pour obtenir ces 2h30. J’ai retiré quelques passages qui ne correspondaient plus à l’actualité bien-sûr.
C’est un temps fort d’une heure, je n’ai aucune autre vocation si ce n’est faire rire les gens. Je ne prétends rien leur apprendre, il n’y a pas de messages politiques ou de message tout court. C’est juste du rire !
Par le passé, as-tu déjà présenté des spectacles autant improvisés ?
Kheiron : J’oublie vite mon texte sur scène c’est pour cela que j’ai commencé l’improvisation sur les planches. Au bout d’un moment je ne savais plus quoi dire alors je rebondissais en improvisant avant de reprendre mon texte. Nous sommes beaucoup à faire du stand up, c’est un art compliqué mais très accessible. Pour moi qui fait du cinéma et du théâtre, je considère le Stand Up bien plus difficile ! Ce n’est donc pas évident de se démarquer. Il faut faire de toutes ses faiblesses une force et personnellement ma faiblesse était ma mémoire.
Lors du gala de Bref. à Montreux, Kyan Khojandi m’avait mis à la fin du spectacle car il ne savait pas ce que j’allais faire. Tous les autres fournissaient leur texte en amont contrairement à moi. C’était retransmis en direct sur France 4, Rire & Chansons etc. Kyan et Navo m’avaient dit : « on te met à la fin et tu ajustes en fonction du temps qu’il reste ». Juste avant de monter sur scène, Kyan me dit que j’ai 12 minutes à combler. J’en ai fait 11,50 minutes. (rires) C’est un instinct.
J’ai fait beaucoup de scènes ouvertes, je m’interdisais de faire des passages de spectacle. J’essayais donc d’être aussi bon que les autres humoristes mais seulement en improvisation. J’ai beaucoup travaillé comme cela.
* Kheiron le 10/11/2017 à La Cité des congrès / cheyenne-prod.com