Le Nid est devenu l’un des emblèmes de la ville

Lieu atypique et désormais reconnu comme l’un des emblèmes de la ville, le Nid a su développer, à côté de son activité de bar, une proposition musicale d’une rare qualité. Arnaud Tesson du CCO (tête de réseau régional pour les entreprises), gestionnaire du lieu et Alexandre Boucher, gérant du bar nous ont reçu au 32ème étage de la Tour pour nous présenter leur cocon qu’ils affectionnent tant. A côté d’eux, les programmateurs musicaux que sont Môme, Matthieu Belz et Quentin Vallier travaillent d’arrache-pied pour vous satisfaire d’une semaine sur l’autre. Zoom sur le Nid de la Cigogne de Jean Jullien.

A ciel ouvert

La Tour Bretagne existe depuis 1976 mais le Nid n’y est présent que depuis 2012. Par le passé, un lieu nocturne y avait déjà logé mais suite à de nombreuses problématiques liées à la sécurité, le toit de la Tour avait été déserté par le public. Laisser ce toit à des organismes privés les années qui ont suivi était un réel gâchis tant le panorama sur la ville est magnifique. Jean-Marc Ayrault a ainsi souhaité rénover le lieu en l’ouvrant à tous les nantais. Le Nid a pu ouvrir ses portes (et ses ailes) sous l’égide du Voyage à Nantes en 2012.

Comme vous le savez sûrement, la conception du lieu a été confiée à Jean Jullien, natif de Cholet, devenu depuis une référence artistique internationale. Il avait une certaine notoriété sur Nantes et connaissait une relative ascension à cette époque. Le Voyage à Nantes s’est tout simplement positionné au bon moment pour le convaincre de réaliser la décoration du bar que l’on connaît aujourd’hui.

« Le Nid est soumis au même contraintes qu’un bar qui serait dans la rue » tient à préciser Arnaud Tesson du CCO (organisme gestionnaire du Nid). En effet, dans l’imaginaire collectif, le lieu apparaît comme extraordinaire et différent. Les horaires de fermeture concernent la Tour Bretagne, les clients doivent donc sortir par anticipation contrairement à un bar lambda pour qui le seuil est sur le trottoir. La deuxième idée reçue sur le bar concerne son indépendance. Lancé par Nantes Métropole et le Voyage à Nantes en 2012, le Nid a cette image de « lieu subventionné », public en quelque sorte. Le CCO tient à mentionner son indépendance, le bar a en effet des obligations de chiffres et de sécurité à tenir afin de perdurer dans le temps.

« Le lieu aura toujours pour lui la vue et cette particularité architecturale sur laquelle à travailler Jean Jullien. Malgré tout et dès le départ, on a cherché à avoir une identité musicale afin d’aller plus loin dans la démarche. Le Nid est destiné aux nantais, pas seulement aux gens de passage. Très tôt, le premier rendez-vous musical du Nid a été la Birdy. On a demandé à Bertrand Lacroix, alias Môme, un DJ bien installé dans la nuit nantaise, de prendre en main ce volet. Cette soirée du jeudi soir marche très bien, c’est une vraie satisfaction. »
Arnaud Tesson du CCO

Le bar est devenu l’un des premiers lieux de la ville en proposant deux soirées hebdomadaires. La Birdy du jeudi est en effet suivie par la Sundy qui occupe le créneau du dimanche soir. Pour seulement 1€ (prix d’entrée au Nid), vous pouvez donc assister à un DJ set ou un concert sur le toit de la Tour Bretagne. S’ajoute à cette programmation une variable. En effet, l’équipe du Nid a déjà accueilli, sur des moments inédits, des personnalités telles que Abel Ferrara, Francesco Tristano, Sven Løve ou encore Serge Bozon.

L’affluence est importante comme le prouve la queue se formant devant la Tour Bretagne lors des beaux jours. Nantes Métropole avait insisté dès le départ pour que le lieu soit accessible à tous les nantais et donc gratuit. Cependant, le Nid est devenu payant il y a un peu plus de trois ans maintenant pour des questions de sécurité principalement. Un euro symbolique est demandé à l’entrée afin de limiter les flux et donc l’attente des visiteurs. Après trois années d’existence, le phénomène était déjà devenu ingérable. Certains d’entre vous ont sûrement connu ces files interminables … Plus d’un million de visiteurs avaient ainsi fréquenté le lieu en 2015.

« Concernant l’accès au public, nous avons un ascenseur dédié qui part du 0 au 32ème. Sachant que l’aller-retour dure 90 secondes et que nous ne pouvons mettre que 8 personnes par ascenseur, la file d’attente peut rapidement s’agrandir en journée. »
Alexandre Boucher, gérant du Nid

De la Birdy à la Sundy

La Birdy, consacrée à l’électro, est devenue une référence nationale des musiques électroniques, comme en témoigne l’accueil, en novembre 2017, de la mythique Boiler Room ! Cette reconnaissance est due au travail de Bertrand Lacroix alias Môme, DJ résident et designer sonore du Nid, qui partage la scène avec ses guests nantais, français ou internationaux.

Ils sont déjà passés par la Birdy : Giles Smith, Bradley Zero, Low Jack, Marcel Vogel, Philou Louzolo, Vakula (Ukraine), Carlos Nilmmns (Trax, Chicago), Clayton Guifford (Laate, Paris), Greg Beato (L.I.E.S, Miami), Police du Groove (Abstrack, Paris), Faze Action (London)…

La Birdy
Tous les jeudis de 23h à 4h


On a souhaité poser quelques questions à Matthieu Belz, co-programmateur de la Sundy afin d’en savoir un peu plus sur ce concept.

Qu’est-ce qui t’a plus dans le projet des Sundy ? Est-ce ton idée ou est-on venu vers toi ?

MB : Le défi ! On m’a contacté quelques temps avant l’ouverture du lieu, je l’ai visité et on m’a demandé de monter un dossier pour proposer un concept de soirées musicales. Ce dossier a été validé par la direction. Nous avons commencé par une phase de tests sur différents jours, différents horaires, avant d’arriver au concept du dimanche soir. Les débuts ont été difficiles, faire monter les nantais en haut d’une tour un dimanche soir, c’était un véritable pari ! 6 ans plus tard, il n’est pas rare d’afficher complet…

Comment faites-vous le choix des artistes ?

Nous recevons beaucoup de candidatures pour jouer au Nid. Le fait d’être deux, avec Quentin Vallier, pour la décision finale permet d’avoir davantage de recul et d’équité. Nous sommes tous les deux musiciens et par respect pour tous ceux qui nous proposent des projets, nous prenons le temps d’écouter absolument tous les projets et d’y répondre, que le groupe soit validé ou non et même si ça prend du temps. Nous avons cependant un « leitmotiv » pour ces soirées : il faut que ce soit un « cabinet de curiosité » ! On essaye donc de programmer de tout en mettant en avant les projets de compos (et non de reprises). De plus, on essaye de suivre l’actualité en proposant des concerts en « off » des événements locaux : un concert de jazz pendant les Rendez-vous de l’Erdre, de la musique classique pendant la Folle Journée, du Hip-Hop pendant Hip Opsession, etc.

Les locaux sont privilégiés, certains te contactent-ils directement ?

Ça arrive en effet, mais nous centralisons toutes les demandes sur une plateforme dédiée que Quentin a créé et mis en place (www.m45t.com/candidature/), ça nous permet d’avoir tous les éléments dont on a besoin en matière de contenu, de communication, de technique et bien entendu de « voter » et commenter les propositions que nous recevons. Je dirais cependant que les locaux ne sont pas privilégiés, c’est plutôt que c’est compliqué de faire venir des groupes qui viennent de loin. Nous avons déjà eu des groupes d’un peu partout en France et même de l’étranger mais il faut que ça colle sur les itinéraires de tournée ce qui est beaucoup plus compliqué à mettre en place.

Qu’est-ce que le lieu apporte de plus qu’un café-concert « lambda » selon toi ?

Ce n’est pas un bar ordinaire, c’est une œuvre d’art offrant un point de vue incroyable sur notre belle ville. Les artistes n’ont pas l’habitude de jouer à 144 mètres de haut. Les spectateurs n’ont pas l’habitude de voir un concert un dimanche soir, assis dans un œuf, avec un panorama aussi exceptionnel en arrière-plan…

Ton meilleur souvenir jusqu’à maintenant ?

Difficile de n’en choisir qu’un après plus de 200 concerts en 6 ans… Peut-être un concert de KO KO MO, au début de leur ascension vers le succès largement mérité qu’ils connaissent aujourd’hui, c’était complet, 200 personnes debout, le sourire sur les visages, je pense que toute l’équipe s’en rappelle… Il y a eu Malted Milk aussi, ça nous a pris environ 2 ans pour trouver une date commune, c’était génial de concrétiser ce projet. Et pour finir, il y a la Jam Session, nous arrivons à la 50ème édition, c’est une aventure incroyable portée depuis 4 ans par l’équipe d’Edison Belmar (Mas Bajo, Oozy Moon, Funny Vibes). Nous invitons tous les premiers dimanches du mois un artiste pour rendre hommage aux plus grands noms de ces dernières décennies, la soirée se poursuit en scène ouverte où nous avons à chaque fois de très bonnes surprises.

L’artiste nantais que tu rêverais de voir sur une Sundy ?

Il y aurait plutôt les artistes nantais que j’aimerais revoir sur une Sundy, Inüit par exemple, ils ont passé un vrai cap et c’est absolument génial ! Je vais continuer d’écouter avec Quentin les centaines de projets à découvrir, il y en a beaucoup qui sortent du lot et que nous avons hâte d’intégrer dans notre programmation !

Un petit mot pour les nantais qui privilégient Netflix au Nid le dimanche soir ?

Un journaliste est venu par hasard sur son temps libre un dimanche soir sans savoir qu’il y avait un concert de blues. Nous ne savions pas qu’il était journaliste. Il a été agréablement surpris par le concept et a adoré le concert. Le lendemain, on reçoit un message, il venait de publier un article sur la soirée : « Un concert contre le blues du dimanche soir ». J’aimais bien sa vision. C’est un lieu de vie, il y a de l’humain, de la musique, soyez curieux, ça fait du bien ! Les concerts sont gratuits, l’accès au lieu coûte 1€, c’est à 19h tous les dimanches. Vous pourrez même reprendre votre film après le concert…

La Sundy
Tous les dimanches à partir de 19h (20h d’avril à octobre)

Le Nid Sundy

© Le Nid

Le Nid – Tour Bretagne
Horaires : Facebook @LeNidNantes
lenidnantes.com