OLOW, une marque ancrée dans son époque

L’art ne se retrouve pas seulement dans les galeries d’exposition, sur l’espace public ou dans des lieux de passage. Les vêtements font partie de ces moyens de diffusion populaires et accessibles. C’est ce que les fondateurs de la marque OLOW ont compris. Les habits peuvent mettre en avant la création artistique et c’est d’ailleurs en ce sens que Valentin Porcher et Mathieu Sorosina se sont lancés dans l’aventure en 2006. La marque que l’on a parfois estampillée comme « nantaise » est née dans le 93 et plus précisément à Montreuil où les deux compères se sont connus lors de leurs études de communication. Nantes a tout de même son mot à dire et c’est ce que l’on a compris lors de notre rencontre avec Valentin Porcher, un soir d’hiver rue des Carmes.

Les parcours de deux fondateurs se rejoignent sur certains points et se complètent parfaitement. Issus de quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, Valentin et Mathieu ont grandi dans un milieu social similaire d’où leur rapprochement évident quelques années plus tard. Le premier cité retient de son enfance le voyage, les valeurs éthiques et sociales que prônaient ses parents quand le second ressort son éducation artistique. Habitué des ateliers d’artistes et proche des amis de ses parents comme un certain Pierre Terrasson, il a tout simplement « baigné dans ce monde » comme le précise son collaborateur. La liaison des deux jeunes hommes a donné OLOW, marque concrètement née dans une cave parisienne. Valentin a toujours voulu « travailler pour soi », c’est donc tout naturellement qu’il s’est tourné vers cette vie entrepreneuriale.

« On se sent beaucoup plus proche de Saint-Nazaire que de Saint-Tropez »
Valentin Porcher, co-fondateur de OLOW

OLOW a suivi un modèle proche de Sixpack qui a malheureusement mis la clé sous la porte après un peu plus de 15 ans d’activité. Ces liquidations judiciaires de « concurrents » permettent à l’équipe de garder les pieds sur terre. Des t-shirts des débuts aux collections actuelles très réfléchies, Valentin et Mathieu ont su prendre leur temps pour se développer. Les rencontres, comme celle avec Jean Jullien, ont permis de garder le cap. L’artiste leur a confié la confection de t-shirts en série limitée lors d’une expo parisienne en 2013, comme un symbole pour les co-fondateurs. Deux collections ont suivi avec le dessinateur choletais (né à Cholet, il a grandi à Nantes, sa ville de cœur avec qui il a fait beaucoup de projets).

OLOW était encore à ses côtés en 2019 pour le pop-up store qu’il a installé aux Galeries Lafayette de Paris. Plus globalement, nombreux sont les illustrateurs renommés qui ont collaboré avec la marque depuis 13 ans. On citera par exemple Koralie & Supakitch (Biarritz), Steven Harrington (Californie) ou encore Elenia Beretta (Berlin). Tous ces artistes ont fait grandir la marque. On n’oublie pas la nouvelle génération d’illustrateurs qu’OLOW met à contribution, ce mélange artistique porte l’ensemble vers le haut. Tous les styles graphiques sont représentés dans les collections.

« OLOW n’est ni de Nantes ni de Paris, on ne veut pas être identifié comme tel. »

La marque a développé ses créations en partant d’un thème précis comme celui de « Saint-Nazaire » très apprécié dans la région. « On voulait faire un gros contrepied aux collections Méditerranée qui existaient à cette période » justifie Valentin. L’idée amène le début du processus, « on a une base et on demande ensuite des choses précises par rapport au style graphique » précise-t-il. Très inspirées par ses voyages (il est notamment parti 11 mois en 2017) mais aussi par l’univers cinématographique, les collections surprennent et évoluent selon les saisons.

« Aujourd’hui, c’est beaucoup plus simple de trouver des artistes avec qui collaborer. L’époque du feuilletage compulsif de magazines et du parcours intensif d’expositions est révolu. »

L’environnement et le social au cœur de la démarche

« En 2008, notre production était quasiment à 100% en coton bio, nous étions avant-gardistes mais les coûts faramineux et le choix restreint du textile nous ont contraint à revoir notre copie. On a constaté des problèmes de qualité également. Le boss du magazine Shoes Up a bien résumé la situation : « vous étiez des précurseurs mais un peu trop tôt ». On vient tout juste de réintégrer le bio dans notre dernière collection « Paris 13 » mais on a toujours fait attention au volet environnemental dans notre entreprise.

On s’est aussi posé la question du made in France avant même que cela devienne une mode. Après réflexion, on a préféré mettre cette idée de côté. Depuis nos débuts, nous avons créé des liens très forts avec nos fournisseurs portugais et leurs employés. On y va 3 à 4 fois par an, leurs conditions de travail sont très bonnes, on connaît les familles de certains ouvriers, ce serait ridicule de les abandonner pour une question de mode. L’aspect social est aussi essentiel pour nous. »

OLOW et Nantes

« J’ai connu Nantes il y a 13 ans, j’y ai vécu pendant un an, l’année où nous avons lancé la marque. J’avais un pied à Nantes et un pied à Paris. Quelques années après, j’ai décidé d’y revenir et j’y suis resté plus longtemps. Mes bureaux étaient rue de Strasbourg puis rue Bertrand Geslin. J’organisais des afterworks et quelques événements pour faire connaître la marque. Concerts, projections vidéo etc. Je faisais quelques ventes privées également. A cette période, on a collaboré avec beaucoup d’artistes nantais comme les Feebles ou Antoine Corbineau.

Je suis parti à Paris pour ouvrir notre première boutique. Ensuite j’ai voyagé et à mon retour, notre seconde boutique est née ! J’ai profité de l’accalmie qui a suivie pour réinvestir Nantes avec une partie de la team OLOW. Finalement, j’ai tissé un lien très fort avec Nantes au fil des années. »

Paris 13

« La dernière collection Paris 13 est née dans un train Nantes-Paris, vraiment ! C’était la première fois que je revenais à Nantes après mon voyage autour du monde. Sans être dans l’exotisme, je voulais parler de mes origines vietnamiennes. Une bonne partie de ma famille vit dans le 13ème arrondissement, dans le plus grand quartier asiatique d’Europe. Mon père nous y emmenait souvent petits. Cette idée d’« exotisme urbain » a convaincu toute l’équipe.

Nous avons décliné des pièces en lien avec l’Asie et des artistes asiatiques. Un calligraphe chinois du quartier des Olympiades a également collaboré avec nous. Cet ancien lutteur de Chine raconte son histoire dans le film que nous avons tourné pour illustrer la collection. On ne fait pas uniquement des vêtements, ça ne nous intéresserait pas. Il y a toujours une histoire derrière. C’est une façon assez étrange de présenter une collection, ce documentaire montre une personne très éloignée de l’univers de la mode. L’humain est essentiel pour nous. »

OLOW à Paris : Marais / Canal Saint-Martin
Un revendeur à Nantes : OKKO – 2, rue Haute-Casserie
220 revendeurs dans le monde
olow.fr