« Marseille connaît une réelle émergence pop-rock ces dernières années »

C’est peut-être ce qui caractérise le mieux le duo marseillais Nasser. Loin des paillettes, les « rockeurs » font la musique qu’ils aiment et apprécient la partager à leurs fidèles auditeurs. 10 ans après leurs débuts, des changements ont fait évoluer le groupe jusqu’à ce dernier opus The Outcome sorti en mars dernier. Cette sortie fut fêtée sur la scène du Stereolux lors de la fameuse Nuit Zébrée de Radio Nova. Nicolas Viegeolat a accepté de répondre à nos questions afin d’évoquer le renouveau de Nasser. Le rock n’est pas mort et encore moins dans la cité phocéenne !

 

Après avoir numéroté vos premiers projets, The Outcome apparaît un peu comme une nouvelle page dans votre carrière. Aviez-vous réellement envie de passer à autre chose avec cet opus ?

Oui clairement, on a voulu marqué une nouvelle ère dans ce groupe. On est passé de trois membres à deux bien qu’on soit toujours trois sur scène. Nous produisons dorénavant en duo. On souhaitait créer une nouvelle page, aller vers de nouvelles choses. Le fait de donner un vrai nom à cet album, c’était vraiment pour marquer le coup. On a choisi ce titre comme si l’on voulait nommer un film.

Cinq ans se sont écoulés depuis la parution de #7, étiez-vous fatigués par l’enchaînement des enregistrements et des tournées ?

On a sorti pas mal d’EP et 2 albums et on peut y ajouter tous les concerts effectivement, environ 300 en 4 ans ! On avait vraiment la tête dans le guidon, on ne s’arrêtait pas. C’était donc nécessaire de faire un break pour se reposer et se renouveler. Ça nous a aussi permis d’avoir de nouvelles choses à raconter. Simon, comme moi, avait envie de prendre un peu d’air. Il a bossé avec pas mal d’artistes et moi pendant ce temps je me suis ré-intéressé à la vidéo. Je suis réalisateur à côté donc j’ai produit pas mal de publicités, de clips dont ceux de Kid Francescoli notamment ou des web-séries pendant ce temps. En ce moment, je collabore avec Arte sur une série sur les pochettes de disques : Total Records. Beaucoup de choses … Je m’occupe bien-sûr des clips de Nasser et de tout l’aspect visuel.

Avez-vous déjà pensé à stopper Nasser ?

Non, il n’en a jamais été question. On voulait simplement repartir sur quelque chose de nouveau. Ça fait 10 ans que ça existe, nous avons la chance d’avoir une communauté qui nous suit. Cette musique nous plaît, ça nous tient vraiment à cœur. Avec ce nouvel album et les concerts qui arrivent, nous sommes bien parti pour continuer !

Peut-on distinguer la partie studio comme électro et la partie live comme rock ?

Oui totalement ! C’est de cette manière que l’on conçoit les choses. On part toujours d’une base électronique en studio. Par-dessus, on va rajouter du chant, de la guitare et de la batterie. En live, le côté musique et acoustique prend le dessus et ça donne quelque chose de beaucoup plus rock forcément.

Quels artistes français seraient, selon toi, dans la même veine musicale ?

DBFC sans aucun doute ! Agar Agar, ce genre de groupes. Il y a toute une scène électro qui fricote avec le rock.

Vous êtes originaires de Marseille. Pour vous, quels groupes représentent le mieux la ville ?

IAM sans contestation possible. Et si l’on voit le nombre de ventes de Soprano ou Jul, on voit bien que cette ville à un ADN rap. Après, il y a vraiment une émergence pop-rock ces dernières années.
Dans les années 80, le groupe Martin Dupont avait fait pas mal parlé de lui. C’est une sorte d’anomalie dans ce que produit musicalement la ville de Marseille.

Beaucoup d’artistes quittent la province pour la capitale. Est-ce forcément nécessaire selon vous ?

Dans les années 70 ou 80, c’était indéniable. Mais aujourd’hui avec le web et les réseaux sociaux, ça ne devient plus un impératif. Un gars dans le Gers peut être vu dans le monde entier s’il a une connexion internet. Tu dois forcément y aller pour te produire, faire ta promo ou même pour te montrer. S’y installer c’est différent, paradoxalement cela peut être plus compliqué pour réussir. C’est une ville chère ! A Marseille, nous louons notre studio à un prix abordable, à proximité du centre ville. C’est un réel confort. On peut se concentrer davantage sur notre travail. Et il fait beau ! (rires)

Les Nuits Zébrées de Nova, Les Solidays, Mars Attack … Vous avez fait pas mal de dates récemment. Comment vivez-vous ces festivals ou concerts ?

Ça dépend, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Le festival peut vite devenir impersonnel ! Jouer devant 10.000 personnes, c’est tout de même particulier. Si la sauce prend, ça devient un truc de dingue, une véritable liesse collective.
Mais on aime aussi beaucoup les concerts plus intimistes. Notre release party à la Maroquinerie, c’était complètement fou. Le concert était sold out deux mois avant, c’était un véritable petit chaudron bouillonnant !
Nous sommes loin d’être des rockstars, on aime la proximité avec notre public.

En mars dernier, vous étiez à Nantes avec Nova. Qu’avez-vous pensé du public de Stereolux ?

Chaque fois que l’on joue à Nantes que ce soit au Stereolux ou au Ferrailleur, on en garde un bon souvenir !
Pour revenir sur cette date, c’était le jour de la sortie de notre album. On jouait pour une radio qui nous fait confiance depuis des années. Le concert avait lieu dans une salle qu’on adore avec un public nantais qui nous soutient. Toutes les planètes étaient alignées pour vivre un moment exceptionnel. Et pourtant c’était le début de notre tournée, notre live était encore un peu en phase de test.

 

Nasser – The Outcome (Pschent music)
9 novembre au Festival Moziks sous les Pins (56)
21 décembre à La Sirène (La Rochelle)

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard