Naya, de The Voice Kid aux premières parties de Charlie Winston
Peu adeptes des télé-crochets musicaux, nous avons découvert NAYA en 2017 grâce à son EP Blossom. En effet, trois ans plus tôt, la chanteuse atteignait la finale de The Voice Kids. Sur son premier projet, le morceau « Girl on the moon » apparaissait tout de suite comme un hit en devenir. Tel a été le cas, on le retrouve d’ailleurs en version française sur le premier album de la jeune française Ruby sorti à l’automne dernier. Naya Fellonneau, âgée de seulement 18 ans, a été choisie par Charlie Winston pour assurer ses premières parties françaises, nous l’avons donc approché lors de l’une d’elle à Stereolux. Rencontre avec ce nouveau rubis pop tout droit venu de Gironde.
Ruby est sorti en septembre dernier, tu le défends en live depuis sa parution. Quel est ton ressenti sur ces premiers mois de tournée ?
NF : Les gens connaissent déjà bien l’album et particulièrement le morceau « Girl on the moon » qui passe beaucoup en radio, les concerts sont vivants grâce à ça. J’ai reçu beaucoup de messages à la sortie de l’album, c’est très agréable de rencontrer mon public. J’essaie d’améliorer le live au fil des concerts mais les compos rendent plutôt bien, je suis contente. Je vais peut-être monter sur scène avec des musiciens à l’avenir, on travaille tout ça.
Ce qui est intéressant avec le live, c’est le côté exceptionnel. Je vois la scène comme un sport de combat, j’y mets beaucoup d’énergie, je ne suis pas passive. Les morceaux ne sont pas exactement comme en studio, je les ajuste ou les rallonge. En tout cas je compte vraiment travailler cet aspect en 2019.
Tu n’as que 18 ans, as-tu eu la chance de monter sur scène avant ce premier opus ?
Oui, je fais des concerts depuis mes 11 ans ! (rires) J’ai fait beaucoup d’années de conservatoire plus jeune mais j’ai préféré quitter le parcours classique et tester autre chose, de la guitare, du chant etc. Je faisais beaucoup de reprises, des Beatles, d’Oasis ou de David Bowie notamment. Ça marchait très bien, j’ai fait pas mal de scènes dans la région bordelaise. Ça m’a donné envie d’écrire mes propres chansons. J’ai pu faire quelques dates sur Bordeaux pour présenter mon projet. Le programmateur de l’IBoat m’a, par exemple, demandé de jouer en première partie du concert complet de Mademoiselle K. C’est grâce à tous ces concerts bordelais que j’ai pu prendre confiance en moi sur mes compositions persos.
Tout cela m’a amené à The Voice Kids en 2014, je n’avais que 14 ans à l’époque. Se retrouver sur un plateau télé devant des millions de téléspectateurs, c’est incroyable et très impressionnant ! Je suis arrivée en finale en direct avec toute la pression que cela engendre. Ce n’est pas facile quand tu es si jeune mais c’est très enrichissant. Cette expérience était très positive pour moi. J’ai gardé contact avec Garou, mon coach sur l’émission, il me tarde de le revoir d’ailleurs. Il était vraiment à l’écoute, on parlait beaucoup anglais ensemble car j’adore cette langue.
Est-ce d’ailleurs grâce à ta familiarité avec l’anglais que tu as été choisie pour faire les premières parties de Charlie Winston ?
Avant l’été, Charlie a annoncé sa tournée française et il cherchait une première partie. Il se trouve qu’on a le même tourneur et nous avons des amis en commun. Il a écouté mon album avant sa sortie et il m’a vu sur scène. Il a apprécié mes prestations et le fait que nous soyons guitaristes tous les deux nous a rapproché. Il est revenu vers moi peu après et m’a contacté pour que je l’accompagne sur sa tournée. C’est une très belle rencontre, il m’invite même pour un duo à la fin de sa setlist. J’ai fait de nombreuses premières parties mais celle-ci est vraiment particulière !
Comment expliques-tu ce rapport avec la langue anglaise. Est-ce seulement dû à la musique que tu écoutais plus jeune ?
Je pense que ça a beaucoup joué en effet. J’ai toujours écrit en anglais, j’ai une culture assez anglophone en fait.
J’ai sorti la version française de « Girl on the moon » en janvier 2018 et j’ai eu énormément de retours positifs, ça m’a fait réfléchir. Mon passage en radio s’est un peu fait grâce à cette version. Ça m’a porté, c’est pour cela que j’ai écrit cinq chansons françaises sur Ruby qui sont cependant disponibles en anglais à l’étranger. Les versions anglaises d’ailleurs seront bientôt disponibles en France.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de sortir Ruby ? A ton âge, ce n’est pas forcément évidemment de proposer un premier album pertinent.
J’ai sorti Blossom, mon premier EP, en 2017. « Girl on the moon » était d’ailleurs dessus. Ruby était quasiment prêt à ce moment-là, je savais ce que je voulais faire. Je suis allé l’enregistrer à l’été 2017 avec Valentin Marceau. C’est un jeune producteur, nous nous sommes tout de suite entendus. Il a su porter les chansons là où je le souhaitais, j’ai une idée très précise de ce que je veux, ce n’est pas simple de travailler avec moi. (rires) Ça s’est très bien passé.
On a ensuite travaillé tout ce qui entoure l’album, ça prend du temps. En tout, le processus complet a pris une à deux années.
Ce n’est pas donné à tout le monde de sortir un premier album si jeune mais avec l’EP et les nombreuses scènes que j’ai pu faire, je n’ai pas l’impression de brûler les étapes.
Comment arrives-tu à gérer ce début de carrière, continues-tu les études en parallèle ?
L’année dernière, je suivais les cours de mon côté car c’était impossible pour moi d’aller au lycée. J’ai quand même eu mon bac avec mention. Et cette année, je poursuis avec une licence d’anglais, je trouve ça complémentaire avec mon activité. Cela va me permettre d’enrichir mes textes et de parler davantage avec Charlie ! (rires)
Et ta famille te soutient-elle à 100% dans cette démarche ?
Oui totalement ! Mes parents sont musiciens. Ils ont eu un groupe de noise rock : Basement, ils ont beaucoup tourné. Quand j’étais plus jeune, je suivais de près ce qu’ils faisaient sans forcément pouvoir les accompagner, c’était frustrant ! Ils ont fait des concerts en Europe et même aux Etats-Unis. A mon tour désormais. (rires)
Parle-nous de la pochette choisie pour Ruby ?
Le rouge pour « Ruby » bien-sûr mais aussi pour toute l’énergie que cette couleur dégage. L’énergie des concerts notamment ! Je suis accroupie sur la pochette, prête à bondir. Sur scène, je suis un peu dans cette position quand je délaisse ma guitare pour une ou deux chansons, j’ai cette envie de m’éclater. Le regard veut tout dire, je suis concentrée, motivée, j’ai envie de m’imposer. Cette pochette a un vrai rapport avec les concerts que je fais depuis des années et comme cela s’est encore plus intensifié pour moi, je la trouvais cohérente.
Avec quels artistes aimerais-tu collaborer ?
Alex Turner d’Arctic Monkeys !
En France, j’aime bien ce que fait Lomepal, il travaille beaucoup avec les mélodies. En plus de ça, il a une grosse culture anglosaxonne, je pense que l’on pourrait bien s’entendre musicalement. J’adorerais le rencontrer en tout cas.
Tes coups de cœur du moment ?
J’aime bien Let’s Eat Grandma, elles tournent beaucoup en Angleterre et sont de ma génération. La BBC les booste un peu, leur dernier album est excellent (NDLR I’m All Ears). Sinon, j’adore Sigrid également, notamment son titre « Don’t Kill My Vibe ».