Loin de la région nantaise, Li-Lù June a monté un projet particulièrement intéressant. La jeune montpelliéraine s’est lancée, entre innocence et assurance, dans la conception d’un livre d’art à la fois défricheur et précurseur. Amatrice d’art et inspirée par de nombreux jeunes de sa génération, elle a souhaité rassembler cette jeunesse créative dans un livre d’art conséquent et original. En effet, comme dans de nombreux milieux, la jeunesse n’est pas souvent considérée à sa juste valeur, faute d’expérience. Cette stigmatisation, à tort, tente d’être mise de côté par Li-Lù June et l’avancée de son projet Starter, à travers un crowdfunding, tend à le démontrer. On vous laisse découvrir cette jeune entrepreneuse à travers cette mini-interview. Saura t-elle vous convaincre de la suivre dans sa démarche ?
Qui es tu Li-Lù June ?
Je suis lycéenne à Montpellier. Je viens de passer un bac ES et je vais entreprendre des études supérieures d’art. Depuis un an et demi je mène un projet d’édition, un livre d’art qui raconte la diversité et la force créative de 24 jeunes artistes francophones. 24 artistes, qui ont tous moins de 28 ans et dont le parcours, les choses à dire et le travail m’ont particulièrement inspirés. Parmi eux des peintres, danseurs, make up artist, réalisateurs…
Li-Lù June © Sabrina Hadj-Hacene
Pourquoi un livre d’art sur la jeunesse ?
J’adore depuis toujours les livres d’art, tout en ayant conscience qu’ils parlent d’un monde de l’art éloigné des artistes de ma génération, voire inaccessible. Comme si c’était un objet trop beau pour nous. D’une manière générale, oui je trouve que les jeunes ne sont pas assez valorisés, et surtout on entend beaucoup de clichés sur nous, les jeunes ne lisent pas, ne savent pas écrire, n’ont le courage de rien, sont obsédés par les réseaux.
J’ai donc décidé de faire quelque chose pour passer un message positif sur notre génération, tout en en cassant les codes. L’idée avec Starter c’est de proposer un temps de lecture sur du papier, hors des temps numériques. Donner à des jeunes artistes un lieu d’expression éloigné des réseaux, en posant leurs univers respectifs sur une matière noble et intemporelle, et en les valorisant avec une charte graphique distincte pour chacun d’entre eux. Pour moi, un livre d’art c’est un objet, même une œuvre. C’est quelque chose que tu gardes, que tu peux lire, relire ou juste feuilleter. Dès le premier jour, j’ai su que c’était un livre d’art et non pas une revue que je voulais créer.
Est-ce difficile de se lancer si jeune ?
À mon âge, oui c’est difficile de se lancer dans un tel projet. Je n’avais aucune idée de comment fonctionne une maison d’édition, j’ai jamais publié avant. Il est difficilement imaginable de se pointer dans une maison d’édition à 17 ans et leur parler d’un projet qu’on à en tête. On est pas très pris au sérieux lorsqu’on débute, même si le projet tient la route. C’est pareil dans tous les milieux, pour avoir un job on te demande de l’avoir déjà eu. Mais on a la chance d’avoir les réseaux, et d’avoir développé nos propres canaux de diffusion. J’ai vite compris que la meilleure solution pour que le projet aboutisse c’était de m’auto-éditer. S’auto-éditer ça veut dire qu’il faut tout prendre en charge, c’est encore plus de boulot mais j’apprends tellement de choses, avec quelques bonnes personnes qui m’ont aidée, conseillée. Avec eux, j’ai pu toucher à tout, découvrir ce que c’est de demander un devis d’impression, obtenir un ISBN*, gérer la communication…
Pour financer les frais d’édition du livre, j’ai lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. Il reste une dizaine de jours avant que la cagnotte soit terminée, et on avance bien, j’ai bon espoir ! Nous avons encore besoin de soutien, pour que le projet voit le jour. Et que d’autres suivent, les idées ne me manquent pas.
*Numéro international normalisé du livre est un numéro internationalement reconnu, créé en 1970, identifiant de manière unique chaque édition de chaque livre