« Il y a peu de festivals hivernaux intimistes tels que le nôtre »
Tous les ans, Acoustic Festival fait le plein. Entre 4000 et 4500 spectateurs, essentiellement de la région, y viennent pour des live uniques. Des concerts intimistes et acoustiques, voici ce qui caractérise le rendez-vous annuel qui fêtera sa 10ème édition cette année. Jérôme Aubret nous a accordé quelques mots pour l’occasion, entre souvenirs et coups de cœur musicaux.
Côté programmation, on retrouvera le bœuf des 10 ans mené par Manu Katché qui était présent lors de la première édition. Pour l’anecdote, à l’époque, un festivalier anglais était venu spécialement le voir lors de cette première vendéenne ! Bien loin des balbutiements de cette première édition malgré tout réussie, le festival a depuis pris son envol et nous espérons qu’il ne redescendra pas de sitôt.
Rencontre avec le président du festival
Quelles étaient les ambitions premières d’Acoustic Festival ? Comment ce festival s’est-il créé ?
Jérôme Aubret : C’est une idée que j’avais depuis l’adolescence. J’ai toujours souhaité partager les musiques que j’aimais bien. Cette notion de partage est très importante pour moi.
Les années sont passées et, avec un ami, on s’est dit qu’il était temps de se lancer. Nous sommes partis à l’aventure tous les deux, de manière insouciante. Si l’on avait trop réfléchi, je pense qu’on ne l’aurait jamais fait. Il y a beaucoup de contraintes qu’il valait mieux ne pas connaître avant. (rires)
La mairie du Poiré-sur-Vie nous a tout de suite soutenu, en nous laissant un lieu par exemple.
Quel est le premier artiste qui a accepté de jouer dans votre festival ?
A l’époque, j’étais très naïf, j’allais voir les artistes en pensant qu’il serait facile de remplir 1000 à 1500 places. Le premier artiste qui m’a dit oui, c’est Dan Ar Braz. C’était fin 2008 alors que le festival ne s’est monté réellement qu’en 2010.
Et 10 ans après, comment le festival a-t-il évolué ?
En matière de fréquentation, on est passé de rien à tout finalement. Après cela reste fragile, il suffit qu’un artiste ne plaise pas et nous pouvons passer au travers.
Notre festival était vraiment méconnu à l’époque. Notre communication était à revoir, on a fait un gros effort à ce niveau-là. On fut mal conseillés au départ, on a vite appris. (rires) C’est une vraie expérience.
Côté artistique, on a vite remarqué qu’on avait besoin de têtes d’affiches. Cela permet de porter les autres artistes. Par contre, on souhaitait que ce compromis intègre le festival et ne le transforme pas. On préfère se passer de certains artistes qui ne correspondent pas à ce que prône Acoustic Festival plutôt que de déséquilibrer notre modèle. C’est une exigence de notre part, sans aucune prétention bien-sûr.
Pendant ces 10 années de festival, quel est ton plus beau souvenir ?
L’idée a toujours été de faire des « one shot », des concerts qui sortent de l’ordinaire. Ce qui n’est pas simple ! En ce sens, mon plus beau souvenir est la première venue de Stephan Eicher avec son quatuor à cordes en 2012. C’est ce genre de concert qui reflète totalement notre idée de base, ce qu’on voulait faire de ce festival.
A l’inverse, quel a été le moment le plus compliqué ?
Pour la deuxième édition, j’avais fait venir un artiste espagnol (NDLR Miguel Engel Arcengelus) connu de personne. Je l’avais très bien vendu auprès de tout le monde : « ça va être énorme » etc. Pendant des mois, je ne faisais que de l’encenser …
Et finalement, ce fut une catastrophe ! Pendant qu’il était sur scène, je suis allé me réfugier dans un bureau. (rires) Je n’étais vraiment pas bien, j’avais l’impression d’avoir menti aux gens. Pour les dédouaner, ils ont eu pas mal de soucis techniques, ça ne les a pas aidés. C’était un moment horrible pour moi, je me suis dit que je n’allais plus venir sur le festival. C’était le premier concert de la seconde édition, une véritable épreuve personnelle ! J’en étais malade mais avec du recul, je le vis tout de même mieux. Tout le monde me disait pourtant que ce n’était pas très grave. Le concert qui a suivi était super, les gens ont vite oublié.
Mon problème, c’est que je vis le festival à 200%, cela m’atteint d’autant plus. Je ne vois pas les artistes comme un spectateur, j’examine tous les détails quand ils sont sur scène.
A titre personnel, quel artiste as-tu eu l’impression de vraiment découvrir sur le festival ?
Je les connais tous mais j’ai été bluffé par la prestation de William Sheller en 2013. Je connaissais l’artiste mais la façon dont il a présenté ses chansons sur scène… c’était un moment de grâce.
As-tu eu un coup de cœur musical récemment ?
Riopy, un pianiste très talentueux. Je le connais depuis un petit moment, il fait partie de la nouvelle génération. On peut notamment l’entendre sur la pub de la nouvelle Peugeot 508.
Comment imagines-tu les prochaines années d’Acoustic ?
Il faut continuer sur la même voie, asseoir cette singularité. Il y a peu de festivals hivernaux intimistes tels que le nôtre, c’est une force. A l’avenir, si l’on peut refaire quelques bœufs comme on va le faire cette année avec Manu Katché, ce serait top. Ça représente vraiment ce qu’est le festival.
Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard
Coup d’œil sur cette 10ème édition
Cette année encore, Acoustic nous offre une programmation de qualité. Manu Katché, qui avait donc participé à la première édition d’Acoustic, nous a concocté un bœuf pour l’occasion. Il y a invité Keziah Jones, Tété, Hugh Coltman et un guest surprise. Seront présents également : Clara Luciani, Jean-Louis Aubert, Charlie Winston ou encore Naya.
Vendredi 22 mars (complet)
Illona Bolou – 20h00
Lors de son passage, l’artiste nous fera découvrir les infinis possibilités sonores de son instrument, la guitare. Préparons-nous à être embarqués par la maîtrise, le sens du rythme, et la sensibilité d’Illona Bolou.
Hugo Barriol – 20h45
Hugo Barriol a été élu meilleur chanteur du métro parisien en 2016. Il nous enveloppera avec ses morceaux aux tonalité folk et son timbre d’une douceur rare. Lors de son concert, il vous présentera son premier album tout juste sorti.
Le bœuf des 10 ans – 22h15
Manu Katché accompagné de Keziah Jones, Tété, Hugh Coltman et d’un guest surprise monteront sur scène pour nous présenter un show exceptionnel.
Samedi 23 mars (complet)
Jean Louis-Aubert – 20h
L’auteur compositeur incontournable et ex-leader du groupe Téléphone se produira guitare à la main face au fervent public vendéen.
Désormais loin du rock tranchant qu’il interprétait, il chante ses morceaux de manière différente qui tout naturellement le propulsent dans un autre univers. Malgré lui, c’est loin de son énergie rageuse de l’époque mais avec des mélodies plus personnelles qu’il viendra ravir son public.
Dimanche 24 mars
Naya – 19h00
Aussi à l’aise en français qu’en anglais, vous avez peut-être déjà entendue Naya sur les ondes. Jeune et talentueuse, elle a notamment fait les premières parties de Jain et Charlie Winston. Une artiste à découvrir ou a re-découvrir.
Clara Luciani – 20h00
Récemment, nous avons fait la connaissance de Clara Luciani en solo. Son EP Monstre d’amour, puis son premier album Sainte-Victoire l’ont propulsé au-devant de la scène française. C’est donc avec plaisir que nous assisterons à sa venue au Poiré-sur-Vie.
Charlie Winston – 21h30
Nous ne présentons plus Charlie Winston qui a sorti, en 2018, son nouvel album Square 1. Déjà venu lors de l’édition 2015, il revient en 2019, toujours accompagné de son énergie débordante et viendra enflammer le festival.