Un moment bouleversant
Une exposition saisissante a été inaugurée le 27 juin dernier au Lieu Unique. Incoming est à la fois une œuvre engagée, invasive et dérangeante. Cette exposition politique nous bouscule.
Richard Mosse a exposé dans le monde entier. Il a été récompensé à maintes reprises pour son travail comme avec le gain du prestigieux prix Deutsche Börse en 2014. Pour sa première exposition française, Richard Mosse vous fait entrer au cœur de la crise humanitaire.
A travers l’objectif d’une caméra militaire thermique, Richard Mosse expose les silhouettes d’hommes et de femmes colorées de teintes thermiques monochromes. Il fait d’un outil destiné à la surveillance et au contrôle des frontière, un outil qui met en lumière les victimes des conflits. Il en détourne le but premier afin d’en faire le révélateur d’une situation souvent dérangeante.
Une mise en lumière nécessaire
Cette exposition se découpe en deux parties. D’un côté, l’exposition Heat Maps qui fait une vue panoramique sur des camps de réfugiés. De l’autre, une œuvre d’art documentaire qui expose la vie d’hommes, de femmes et d’enfants réfugiés au cours d’une odyssée tragique.
Tout au long du documentaire, on se retrouve immergés dans le noir. On perd tous nos repères et on entre dans un univers presque irréel voir fantomatique. On peut y voir des silhouettes anonymes comme des spectres. Ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui tentent de traverser tant bien que mal les frontières dans une embarcation surchargée. Des personnes tombent à l’eau, des cadavres, du feu, autant d’éléments qui nous bouleversent et nous choquent. C’est une plongée à la fois visuelle que sonore qui nous est proposée. On y entend des voix, des rires, des pleurs, les vagues, tout cela accompagné par la bande son de Ben Frost.
Le choix de la caméra y est très importante. En effet, elle déshumanise une situation dont on est étranger. Ainsi, l’impact de ce documentaire en ressort d’autant plus fort.
Avec cette exposition, le LU prend un réel parti pris. En effet, celle-ci remet totalement en question la place que nous jouons dans les politiques d’asiles.