Plane mais jamais ne tombe

Personne ne doutait du talent du jeune montpelliérain et sans surprise 33 000 FT. a totalement répondu aux attentes. Son premier album sorti il y a quelques mois maintenant a démontré qu’on ne pouvait pas mettre Kazy Lambist dans une case. Certains diront qu’il fait de l’électro-pop mais comme lui-même le précise, cette musique planante se distingue de ce qui se fait à l’étranger. Les jeunes français tels que Møme, Fakear ou encore Lewis OfMan ne seraient-ils pas en train de créer leur propre genre ? On a hâte de découvrir la suite …

Quand as-tu commencé à poster tes vidéos sur le web ?

J’ai commencé sur Soundcloud à poster des sons quand j’étais au Lycée puis à la Fac. Le soir, je faisais de la musique dans ma chambre. J’ai mis en ligne quelques petits clips également. Ça s’est diffusé petit à petit, tout s’est lancé il y a 5-6 ans.

Tu as toujours fait ça en solo ?

Oui, sur mon ordinateur. Il n’y a qu’en live où je ne voulais pas être seul.

Avais-tu imaginé en faire ton métier ou était-ce juste une passion ?

J’y pensais pas du tout, c’est une très belle surprise. Ça s’est passé très rapidement quand ça a commencé à prendre. On a participé au tremplin Les Inrocks Labs en 2015, on a pu se montrer au public et avoir une belle exposition.

Petit Biscuit, Møme, Fakear … Plusieurs artistes de ta génération ont percé en solo en bossant sur ordinateur. Quel a été le déclic pour toi ? Ton entourage t’a-t-il poussé à te montrer ?

C’est le fruit de rencontres surtout. J’ai rencontré mon manager peu avant le tremplin et c’est lui qui m’a vraiment incité à participer. De moi-même je ne l’aurais pas fait.
Mes potes m’encourageaient beaucoup aussi, ils croyaient en mon projet. Radio Nova a passé mes sons grâce à eux, ils m’ont motivé pour que je les contacte et ça a marché.

Tu parles de Nova ou des Inrocks qui t’ont soutenu assez tôt, tout cela a dû t’aider pour professionnaliser ta musique, non ?

On a participé aux Inrocks Lab à la période où ils étaient au top de leur forme ! Malheureusement c’est un peu compliqué maintenant. Les labels se tenaient tous au courant, voir qui avait gagné. Ils sont quelques-uns à avoir écouté ce que je faisais, on a eu pas mal de contacts et de discussions par rapport à ça.
Le Petit Journal de Yann Barthès nous a pas mal aidé également.
Tout cela a accéléré l’exposition et a multiplié le nombre de nos projets effectivement.

Penses-tu faire une musique différente de ce qu’il se fait en ce moment ? De quels artistes pourrait-on te rapprocher ?

J’ai du mal à situer ce que je fais, on me dit que je fais de l’électro-pop mais je ne m’en rends pas forcément compte. Ça ne me dérange pas du tout en tout cas.
Je n’ai pas le souhait de faire quelque chose de révolutionnaire, je veux juste faire quelque chose de bien, qui me plaît. Je n’ai pas l’intention de bouleverser le game !
J’adore ce que fait Jungle.
Je reconnais aussi quelque chose de commun avec Petit Biscuit, Møme, Fakear … On est tous influencé par Bonobo ou la French Touch, il y a un socle commun. Ça ne me dérange pas d’être associé à ce genre d’artistes. Après je peux citer également Isaac Delusion, L’Impératrice, Lewis OfMan. J’ai l’impression que ce son-là est assez français, c’est un peu la French Touch en version pop. Une nouvelle vague qui n’est pas forcément présente ailleurs.
Au Canada il y a Men I Trust un peu dans cette veine.

Tes influences sont-elles plutôt électro ?

Oui totalement, à la base je n’étais pas du tout pop. C’est lorsque j’ai commencé à poser ma voix sur mes morceaux que les gens m’ont associé à ce style. Du coup, je me suis davantage penché dessus et écouté ce qu’il se faisait. Je me suis intéressé à ces artistes pop français, j’ai fait quelques concerts avec L’Impératrice mais aussi Møme qui n’a pas vraiment de style particulier, comme moi.

Comment as-tu travaillé ton live depuis tes premiers projets ?

Je n’ai jamais voulu monter tout seul sur scène, comme un DJ. J’avais envie de montrer que c’était de la musique malgré le fait que ce soit de l’électro. J’ai vite rencontré Amaury (NDLR son bassiste) par le biais de potes et ça tout de suite collé. Amoué au chant nous a également rejoint. On avait envie de continuer sous cette formation pour le live de 33 000 FT. On a déjà de l’expérience en live, on voulait professionnaliser ça pour cette nouvelle tournée. Partir sur des bases sereines, c’est tout de suite plus agréable.

Ta musique est assez aérienne. Est-ce dû à ta passion pour l’aviation ?

Sûrement oui, c’est vraiment une passion. Je voulais être pilote de ligne lorsque j’étais petit. L’album s’appelle 33 000 FT., c’est une altitude de croisière pour un avion de ligne ! Je voulais lier mes deux passions, d’où ce choix et ça se ressent dans l’album. C’est planant.

Pensais-tu à une ville en particulier sur “The City Is Beautiful” ?

J’ai fait ce morceau en rentrant de Lisbonne, j’ai eu vraiment un coup de cœur pour cette ville. C’est une sorte de cliché d’arriver dans une ville et d’être submergé comme cela.

Un mot pour les nantais ?

On ne vient pas souvent donc venez nous voir ! J’espère pouvoir y rester un jour de plus pour profiter de la ville. J’ai une très bonne image de Nantes. J’ai hâte d’y retourner car je n’y vais pas souvent, c’est un peu loin de Montpellier ! (rires)

Kazy Lambist – 33 000 FT.
Sorti le 8 juin 2018 chez Cinq 7 / Wagram Music
En concert mercredi 17 octobre à 20h30 à Stereolux
Stereolux.org

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard