Combattre la répression
Marcos Avila Forero investit le Grand Café avec son exposition « Les choses qui vibrent ». Des objets à la photographie en passant par un court-métrage, l’artiste utilise tous les moyens possibles pour faire remonter la voix de peuples trop souvent oubliés. Déjà passé par Le Grand Café, le colombien mêle dans cette exposition le conflit syrien, le processus de paix colombien et la question des colonisations.
Un conflit syrien qui s’éternise
Il a souhaité associer à son travail les réfugiés en transit à Saint-Nazaire. Pendant la durée de l’exposition, des événements prendront d’ailleurs place dans la ville afin de retranscrire ce travail à tous les citoyens. Il a lié l’Oeuvre d’Eschyle à cette guerre syrienne, en effet elle fut la première à se référer à l’actualité politique du moment. Le texte est ainsi accroché au mur, il côtoie des articles évoquant le conflit syrien. Dans cette même pièce prend place un immense porte-voix mobile qui permettrait d’offrir aux réfugiés le moyen de s’exprimer. Bien-sûr, il donne un point de vue personnel quant à cette situation.
Tout ce travail a été fait avec des locaux, un acteur syrien devrait cependant effectuer une performance pendant l’exposition. La date n’est pas encore connue ! Le projet évoluera et s’adaptera au fil des semaines notamment sur le « mur d’Eschyle ».
Ce n’est pas si loin
La traite négrière n’est peut-être plus d’actualité mais certains événements nous montrent que la réalité est parfois sombre. Marcos Avila Forero nous en parle en disposant des tambours fabriqués en Dordogne avec les matières premières de l’époque. Ils permettent de retracer le chemin du commerce triangulaire. Un travail minutieux.
La tradition des percussions
Nous voyons sur le film proposé un groupe mixte jouant des percussions sur l’eau du fleuve l’Atrato. Leur instrument ? Leurs mains, simplement .. Ces percussions servaient auparavant à faire passer des messages secrètement, elles sont aujourd’hui jouées dans des mariages ou des événements traditionnels. On apprendra plus tard que l’Atrato est l’un des fleuves les plus dangereux de la Colombie. Au fil des années, il est devenu l’autoroute des guerilleros …
L’instantané
A l’étage du Grand Café, une dizaine de photographies prises spécialement pour ce rendez-vous est exposée en grand format. Ce sont des portraits de colombiens qui militent pacifiquement pour la paix. Ces personnes sont impliquées dans le conflit colombien de par leur situation géographique notamment. Les photographies sont éclairées par du feu fait à partir de poudre de balles. L’artiste, qui a grandi à proximité de ces régions, a voulu les mettre en lumière à travers ce dispositif archaïque. Les photos ont un effet « photo d’origine » en partie grâce au noir et blanc.
Sur le mur d’en face se trouve un grand dessin réalisé avec de la poudre noire, il représente la forêt tropicale. Cette poudre noire vient du bout brûlé de fausses mitraillettes fabriquées en bois. Ces dernières sont exposées devant le dessin afin de comprendre le processus au premier regard. Le son en fond nous emmène directement au cœur de cette forêt où s’entraîne régulièrement les guerilleros. Cette simulation de bruitage et de voix nous rappelle le quotidien que vivent les populations locales. Le lien avec les photographies est évident.
« Je viens d’un contexte politique difficile. On nous dit qui sont les méchants et qui sont les gentils alors que ce n’est pas si simple. » Marcos Avila Forero