UN LIVRE COUP DE POING !
Pour son troisième ouvrage, Constance Debré se lâche et ça déménage !
L’homophonie du titre et du « non » signifiant le refus se conjuguent à merveille !
« …c’est rien le nom, c’est comme la famille, c’est comme l’enfance, je n’y crois pas, je n’en veux pas… »
Debré ! Jeunes et moins jeunes ce NOM ne nous est pas inconnu. Constance en est l’héritière et ce fardeau lui pèse dans son corps et dans son âme, jusqu’au dégoût le plus profond.
PETITE-FILLE DE Michel Debré, le père de la constitution de 1958, devenu ensuite premier ministre sous De Gaulle.
NIÈCE D’un autre Debré, Jean-Louis, ministre de l’Intérieur puis président du Conseil Constitutionnel, proche de Jacques Chirac et enfin
FILLE D’UN couple déjanté et opiomane, dont son père, François Debré qui vit en marge de cette famille illustre, semble le seul personnage que Constance Debré épargne et finalement duquel elle se sent proche, en particulier au crépuscule de sa vie, passage que l’autrice nous narre avec talent et sensibilité.
EX- AVOCATE, l’autrice flingue à tout va ; elle ne se détermine pas socialement, va d’une aventure féminine à une autre, rejette tout, même la littérature qui reste pourtant sa seule raison de vivre.
P.L.U.T.Ô.T C.R.E.V.E.R. !
Ces deux mots tatoués sur son cou en disent long…Elle trouve « tout lamentable », participe à un véritable dépouillement d’elle-même ; elle conteste l’ordre sous toutes ses formes; jette par-dessus bord toutes les convenances ; cependant elle n’est pas dupe car elle a conscience qu’elle restera malgré tout et quoiqu’elle fasse un avatar de cette bourgeoisie et aristocratie qu’elle exècre tant !
Pour résumer son parcours chaotique Constance Debré écrit «… Je vis sans propriété, sans famille, sans enfance… »
Un livre courageux, hautement provocateur, d’une absolue radicalité, écrit à la mitraillette avec des rafales de courtes phrases qui deviennent addictives ! Elle s’affranchit parfois des canons de l‘écriture dite académique, mais il s’avère difficile de lui en vouloir tant son style colle parfaitement au ton du livre.
On aime ou l’on rejette, ce sera noir ou blanc mais on ne peut rester indifférent voire insensible à ce récit intransigeant et violent.
Souhaitons au talent de Constance Debré de pouvoir s’exprimer en dehors de cette spirale nihiliste et de trouver de nouvelles sources d’inspiration.
Éditions Flammarion – 170 p. – 19 €