Samifati, l’électronique cyclique

 

Après-midi ensoleillé au café de la Branche. Rencontre avec Sami Fatih et Axel Vanlerberghe afin de découvrir ce duo complémentaire qui tourne sous le nom de Samifati. Leur nouvel EP Cycle est sorti le 20 mars, un voyage électronique de 4 titres. Côté scène ils seront entre autres à Stereolux le 17 et le 14 juillet pour l’opening de Jean-Michel Jarre à Poupet. L’été s’annonce donc chargé pour le tandem nantais !

Sami, quand as-tu eu l’idée de joindre le violon à la musique électronique ?

SF : Finalement, c’est venu assez tard. J’ai commencé le violon à l’âge de 6 ans. A l’adolescence je me suis rendu compte que sur l’ordinateur que j’avais chez moi il était possible d’installer des logiciels pour faire de la musique. J’ai commencé à composer des morceaux sur cet ordinateur et l’idée de mélanger ces titres avec le violon est venu quand j’avais la vingtaine ! Je n’y avais pas forcément pensé avant.
Avant le projet Samifati, j’avais un groupe avec qui ça s’est arrêté, c’est à ce moment là que j’ai essayé de me lancer avec mon violon et mon ordi.

Le son « Gunpowder » rappelle particulièrement les musiques de Fakear. Est-ce que ses premiers EP’s ont eu une influence sur votre musique ?

SF : Ses EP’s nous ont pas forcément inspirés, on a vu Fakear sur scène en 2013 car on était programmés sur la même soirée. On s’est rendu compte qu’on faisait la même musique ou presque et en discutant on a vu qu’on avait un peu le même parcours musical et les mêmes inspirations. Cela paraît assez logique qu’on fasse des musiques dans la même mouvance. Et c’est aussi une question de génération.

Comment vous-êtes vous rencontrés ? Et pourquoi avez-vous lancé cette collaboration ?

AV : On s’est rencontrés sur un festival où je faisais de la captation vidéo. A l’époque Sami jouait avec son groupe Drop et je leur ai proposé de leur faire une petite vidéo live d’un de leurs morceaux. Par la suite, sous son nom de scène Samifati, il a voulu intégrer de l’image à sa musique. En 2013, nous nous sommes vus deux mois avant une date à Hip Opsession pour créer quelque chose. Suite à ça tout s’est enchaîné.

SF : Depuis, Axel est présent sur toutes les dates, on fonctionne ensemble !

L’EP Cycle annonce t-il un probable album ?

SF : Oui c’est en cours de projet, après on ne sait pas s’il y aura un autre EP entre Cycle et l’album. Cycle c’est la continuité du premier EP sans être une deuxième partie. C’est inspiré par tout ce que nous avons vécu depuis la première sortie. C’est un peu la direction vers laquelle nous voulons aller pour nos projets futurs.

Pourquoi l’avoir appelé « Cycle » ? Qu’elle est la signification de sa pochette mystérieuse ?

SF : L’idée c’était de suivre le cycle du soleil.
« Sunrise » en premier morceau, « Zénith », « Dusk » pour le crépuscule et « Down » pour l’aube. On est passionné par tout ce qui est cyclique et c’est très présent dans la musique électronique. Tu pars d’un élément de base qui peut se répéter à l’infini ou se modifier. C’est un peu une réflexion sur le cycle des choses. Sur les morceaux, il y a des « tic, tac » plus ou moins cachés qui rappellent cette notion de temps. Cela renvoie au voyage notamment avec les différents décalages horaires qu’il y a entre les pays.
Dans toutes les cultures, qu’elles soient religieuses ou artistiques, il y a souvent des réflexions sur le temps. Les mayas ou les égyptiens étaient très portés là-dessus par exemple. C’est une notion universelle et on trouvait ça plutôt cool de l’intégrer dans un disque.

AV : La pochette rappelle tout ça, la pendule flotte au milieu de nul part. Il y a une forme infinie centrale qui marque ce côté cyclique et à la fois impossible.

SF : Ce qui est intéressant dans le cycle, c’est qu’il peut être immuable. Si tu penses à la fin du monde, le cycle peut s’arrêter aussi. On peut partir assez loin. (rires)

Quel est votre meilleur souvenir live jusqu’à aujourd’hui ?

SF : On revient du Burkina Faso où on a joué dans un festival électro qui s’appelle Africa Bass Culture. On a joué dans un club ouvert 24h/24 et 7j/7. Ce n’est pas un club d’expat’, le pari était de jouer de l’électro dans un club local qui ne joue pas du tout ce style de musique. Un gars de notre collectif a joué avant nous, ça ne réagissait pas beaucoup, les gens étaient plutôt calmes. C’était plutôt passif. Du coup on était persuadé que notre passage serait un échec. (rires) Au final, dès le premier morceau les gens se sont mis à danser, c’était assez intense. Il faisait 40 degrés, l’électricité du quartier était coupée donc ils tournaient sur des groupes électrogènes, la clim’ n’était pas mise du coup. On était en sueur à la fin mais c’est vraiment un super souvenir. On jouait avec les sud-africains Batuk en plus de ça, c’était drôle de les voir dans cette configuration là. Ils font le tour des festivals et là ils jouaient devant un club de 250 personnes sous 40 degrés !

Vous serez à Poupet avant Jean-Michel Jarre. Qu’attendez-vous de cette date ?

SF : C’est notre plus grosse date de l’été. On a un peu la pression, on a un côté scénographie sur scène très important entre les écrans et la L.E.D. Jean-Michel Jarre, ça fait 20 ans qu’il fait ça, il y a du gros niveau. C’est assez dingue de faire sa première partie.

Un petit clip arrive ?

AV : Pour l’instant il n’y a rien en approche mais on a plusieurs idées. On a sorti une vidéo live il y a un peu plus d’un mois pour le titre « Sunrise ». (NDLR voir ci-dessous)

SF : On l’a tourné en Mayenne dans le musée Robert Tatin. Ce lieu est vraiment dépaysant, il a construit une grosse scénographie dans son jardin. On s’est beaucoup retrouvé dans son œuvre qui évoque les inspirations étrangères, les voyages… On a tourné dans le Jardin des Méditations, son œuvre est basée sur le cycle, on s’en est rendu compte après d’ailleurs ! C’était vraiment intéressant de le tourner là-bas. Le musée Robert Tatin nous a invité pour la Nuit des Musées, on y jouera donc le 20 mai.

 

Samifati en concert : Le 17 juin à Stereo / Le 14 juillet à Poupet

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard
© Chama-Chereau