Le phénomène 47Ter

Le Warehouse a développé le format « concerts » de 19h à 23h que vous avez peut-être déjà testés. Vendredi 12 octobre, le collectif Krumpp organisait le combo VSO & Maxenss x 47 Ter x Terence plutôt alléchant sur le papier. Nous sommes allés à la rencontre du jeune trio 47Ter afin de découvrir qui se cache réellement derrière les freestyles « On vient gâcher tes classiques » qui cartonnent sur la toile. S’en suivra l’un de leurs premiers live qui sera, à nos yeux, la meilleure prestation de la soirée, pleine d’innocence et de sincérité.

Votre premier EP n’est sorti que cette nuit mais vous affoliez déjà les compteurs sur les plateformes de streaming. Comment pouvez-vous nous expliquer ce succès soudain et comment avez-vous vécu cela ?

Pierre-Paul : On prend la grosse tête ! Ça nous a changé complètement, on demande des transats dans les loges maintenant. (rires)
Miguel : Plus sérieusement, on ne s’y attendait vraiment pas. C’est surtout les freestyles qui ont tout fait exploser. A la base, c’était seulement un délire. On voulait prendre un vieux mélodica et rejouer des classiques avec. On a vu que ça marchait bien donc on a continué.
Blaise : L’expliquer c’est un peu dur, c’était tellement inattendu. Pour l’instant, c’est un gros kif, on en profite !
PP : Ce qui a vraiment changé, c’est qu’on a pu arrêter nos boulots genre Mac Do ou la fac pour ne faire que de la musique. Ça va faire 6 mois qu’on a lâché le reste.

© Guillaume Kayacan

Depuis combien de temps avez-vous formé ce trio ?

PP : Avec Miguel, on se connaît depuis la 6ème et on a rencontré Blaise au lycée. On a toujours fait de la musique plus ou moins ensemble mais ce n’était pas du rap. On est passé du rock au metal, à la pop …
Miguel : Hormis le Jazz ou le Reggae on a un peu tout testé. On a eu un groupe pop-folk anglais avec une chanteuse. Ça s’est arrêté et on a décidé de lancer un truc tous les trois. On a continué la pop en anglais et à un moment, on a préféré faire une transition avec le français. A l’époque, j’écrivais les paroles et Pierre-Paul chantait mais c’était compliqué. (rires)
PP : En même temps, je ne parle pas un mot d’anglais … Je ne comprenais rien à ça ce que je disais ! (rires)
Un soir, on s’est chauffé et on a testé le rap et c’est resté depuis. Aujourd’hui, seules nos compositions sont restées pop.
On a toujours composé tous les trois et on continue dans cette voie.

Vos influences doivent donc être diverses ?

Miguel : Tellement ! Ça va de Pink Floyd, Queen, AC/DC à La Fouine car nous venons du 78 en passant par Orelsan, Nekfeu et Lomepal plus récemment. Et le rap belge bien-sûr !

Pierre-Paul, tu es désormais le seul à écrire les textes, peux-tu nous parler de ton travail ?

PP : Pour les freestyles on est vraiment dans le délire egotrip, dans l’auto-dérision, les punchlines etc. Pour nos sons, j’écris par rapport à nos vies, notre quotidien. On n’invente rien, on n’est pas des mecs de cité, ça se voit non ? (rires) Ca ne sert à rien de s’inventer des vies.

Et comment vous est venue l’idée des freestyles ?

Blaise : On cherchait un moyen d’être plus présents sur les réseaux sociaux, de buzzer un peu. On a réfléchi à quelques trucs et en tombant sur le mélodica dans un garage, on s’est lancés !
PP : On ne sentait pas légitimes de placer nos sons tout de suite. D’où l’idée de reprendre des classiques pour commencer, pour montrer que l’on savait rapper.
Miguel : C’était une bonne solution, facile à faire et à poster ! Le premier a fait 10.000 vues alors que nos sons dépassaient difficilement les 1000 vues.

Qu’est-ce que ces premières réussites ont changé dans votre professionnalisation ?

PP : On a atteint le million de vues sur Facebook en décembre dernier juste avant le nouvel an. On a eu plus de mal sur YouTube mais le retard a été rattrapé depuis ! Les pros ont commencé à s’intéresser à nous grâce à ça.
Miguel : On avait nos trucs à côté, on n’imaginait pas tout arrêter pour la musique à l’époque. Par contre, on avait envie de tester le live donc a rencontré des tourneurs. Ça s’est très bien passé avec l’un d’eux, il est d’ailleurs devenu notre manager.
Seulement, pour faire un live il faut avoir un projet concret à présenter. D’où la parution de notre EP qui reprend ce qu’on a déjà sorti avec 2 inédits. On a retravaillé nos anciens sons de manière plus professionnelle. On a passé une semaine en studio à les remasteriser et à bosser sur les 2 exclus.

Pour rester sur les freestyles, vous avez partagé votre canapé avec Oxmo Puccino il y a quelques mois. Comment s’est passée votre rencontre ?

PP : Notre tourneur le connaît car c’est la même maison.
Le mec qui gère le magasin où on fait nos fringues est pote avec Oxmo aussi. C’est lui qui a montré ce qu’on faisait à Oxmo. On a eu des retours comme quoi ça lui plaisait donc on lui a proposé de venir sur un freestyle et il a accepté direct.
Blaise : C’était un honneur pour nous. On vient du 78 un peu campagnard et bourgeois donc il y a un vrai décalage.
Miguel : Se faire valider par Oxmo, ce n’est pas rien. C’est un ancien, ça fait plaisir !
PP : On va peut-être faire un truc avec Seth Gueko aussi.
On a tourné un clip chez un barber à Pontoise qui est juste à côté de son tatoueur. On a fini par sympathiser avec les potes de Seth Gueko qui font 2m30 – 120 kgs (rires) Certains se sont retrouvés dans notre clip « Plus tard » et c’est arrivé jusqu’aux oreilles de Seth Gueko. Il a bien aimé donc il y a peut-être moyen qu’on sorte un petit quelque chose avec lui.

Vous débutez en live, comment se sont passées les premières rencontres avec votre public ?

Miguel : C’était vraiment bizarre au début mais c’est un plaisir bien-sûr. On ne discute pas des heures avec eux après les concerts mais on a des premiers avis concrets, c’est cool.
Comme on a démarré sur le web, c’est intéressant de rencontrer de vraies personnes en fait, celles qui se déplacent pour nous.
Blaise : On a vraiment appréhendé le premier concert. On doit en être à une dizaine maintenant, c’est de plus en plus simple pour nous. Une aisance se dégage petit à petit.
Miguel : On se rôde pas mal en ce moment. On voulait faire des concerts et là on ne fait qu’enchaîner, on est servi ! Ça nous permet de nous améliorer.

Pour revenir sur votre EP sorti aujourd’hui, dans « Procès », dernier morceau de votre EP, vous évoquez l’avenir, un peu flou à vos yeux. A quoi vont ressembler les prochains mois de 47Ter ?

Blaise : Début 2019, on sortira un EP composé uniquement d’exclus. Ce sera notre premier projet avec un réel enjeu, on peut le dire. On l’attend avec une grande impatience. Ça va nous permettre de savoir où l’on va.
PP : Pour Petits Princes, on n’a pas vraiment fait de promo. En janvier, on va marquer le coup. On compte vraiment se lancer avec ça. Et on espère sortir un album à la fin 2019 ou en 2020.

© Guillaume Kayacan

Votre collab’ rêvée ?

PP : Orelsan, c’est sûr. Il vient de province, il jouait beaucoup là-dessus à ces débuts. On s’est toujours un peu reconnus dans ces textes car il ne s’invente pas une vie.

Le dernier projet qui vous a mis une claque ?

Miguel : Brol d’Angèle sans aucun doute. Le titre « Nombreux » particulièrement, il est incroyable.
Blaise : Ça commence à dater un petit peu mais Flip de Lomepal m’a vraiment marqué.
PP : Le dernier album de PLK m’intrigue pas mal. Après il y a aussi un artiste qui me fascine mais que je n’écoute pas trop c’est Koba LaD ! Son rap est compliqué et un peu bizarre mais il fait des millions de vues et est validé par tout le monde.

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard le 12 octobre