« U have a beautiful voice », voici le message que Sally a reçu de la part d’une des artistes qui l’a le plus influencé dans sa vie. Effectivement, avec Kid Cudi, M.I.A fait partie des références indétrônables de la jeune choletaise. A seulement 20 ans, Marion Cailleau de son vrai nom semble donc séduire bien au-delà des frontières.
A l’image d’Angèle dont elle fait de nombreuses premières parties, la chanteuse s’est fait connaître sur Instagram où le rappeur Lord Esperanza l’a repéré. Désormais, elle est signée sur le label du lyriciste parisien Paramour. Grâce à ce coup de pouce, celle qui vient tout juste d’apprendre sa sélection aux inouïs du Printemps de Bourges a déjà rempli l’un de ses objectifs : monter sur la plus grande scène de son fief natal, l’Arena de Trélazé. Nous l’avons rencontré peu avant au BISE Festival, elle nous a parlé de son premier projet Pyaar, de sa relation avec Angèle mais aussi de la bipolarité qui la touche et impacte sa musique.

En l’espace de peu de temps, tu as déjà fait pas mal de scènes. Que retiens-tu de ces premières expériences live et qu’est-ce qui t’a notamment marqué ?

Ne serait-ce que pour les rencontres, c’est très intéressant ! J’ai fait beaucoup de plateaux partagés ou de premières parties. J’ai ce besoin de créer des liens, de discuter avec d’autres artistes.J’en ressors beaucoup d’amour de la part du public. Cela m’étonne vraiment quand je les vois entonner mes chansons, je ne comprends pas, c’est vraiment bizarre. (rires)
Mon meilleur souvenir est sans aucun doute l’ouverture du Zénith de Paris d’Angèle. Ça nous a vraiment marqué, mon équipe et moi-même. J’aime beaucoup le travail d’Angèle et c’est une personne très attachante. Je la suis depuis assez longtemps maintenant. J’ai vraiment pris du plaisir sur cette date ! Étonnamment, je n’étais pas trop stressée. Les petites scènes m’angoissent davantage, j’ai encore du mal avec la proximité et les regards. Dans un Zénith, tu ne vois personne ou presque. Et puis son public est très accueillant et chaleureux.

Tu as un souvenir de ta première scène ?

Oui, c’était il n’y a pas si longtemps, en décembre 2018. C’était au Chabada à Angers en première partie du rappeur Lord Esperanza. J’ai tourné avec lui sur 9 dates.

Sally Pyaar
© DR

En novembre dernier, tu jouais à domicile, aux Z’Eclectiques. Peux-tu nous parler de tes débuts professionnels ? Es-tu restée à Cholet ?

Je suis monté très vite sur Paris. Toute mon équipe est basée là-bas, que ce soit mes deux labels ou mon éditeur. Mon studio est là-bas également. J’y vis depuis la fin d’année 2019. J’en avais un peu marre des hôtels ! (rires) Et puis, c’est plus facile pour tout, notamment pour la promo.

Qu’est-ce qui t’a fait connaître et donc rencontrer l’équipe qui te suit désormais ?

C’est grâce à Instagram et à Lord Esperanza, il m’a repéré sur le réseau et a parlé de moi à son équipe. D’où les premières parties à ses côtés.

Une partie du grand public t’a découvert sur la chaîne YouTube Colors où ton enregistrement a littéralement cartonné. Imaginais-tu un retour aussi important après ton passage dans leurs studios ?

Vraiment pas ! Quand on a dépassé le million de vues, j’étais choquée ! Je m’étais donné deux ans pour passer sur Colors car je suis fan de ce qu’ils font. Tous mes artistes préférés y passent. Pour moi, c’est l’endroit où il faut être. Pour la qualité de leur programmation, l’esthétique etc. Quand on me l’a annoncé, j’étais à Bruxelles, je me suis allongé par terre, je n’en revenais pas ! Je ne me voyais pas y arriver si vite. On a dû sortir un clip en vitesse pour que ce ne soit pas ma première vidéo ! (rires)

Ton premier projet, sous forme d’EP, est sorti il y a quelques mois. Que souhaites-tu partager à travers celui-ci ?

Je l’ai appelé « Pyaar » qui veut dire amour en hindi. C’est le thème principal de mon EP. Il est représenté sous plusieurs formes que ce soit par le désir, le dégoût ou la colère. Je voulais montrer toutes les facettes de l’amour. C’est inter-dimensionnel, on a tous de l’amour et je trouvais ça important d’en parler. On a rattaché « Roulette Russe » à l’EP il y a peu. Ce morceau est plus introspectif, il permet d’apporter une touche supplémentaire et différente au projet. C’était une exclusivité Deezer donc on ne pouvait pas le dévoiler sur les autres plateformes avant un certain temps. C’était une manière pour moi de montrer que je ne sais pas seulement parler d’amour.

Yseult, Chilla, Angèle, Joanna … Est-ce que tu apprécies être associée à cette nouvelle génération de chanteuses féminines ? Les côtoies-tu régulièrement ?

Oui, vraiment. Je parle beaucoup avec Joanna avec qui je suis assez proche. J’ai déjà partagé des plateaux avec Chilla, Yseult ou encore Lous and the Yakuza. Et Angèle bien-sûr, comme on en a parlé tout à l’heure. Je rajouterais Claire Laffut à cette liste d’artistes féminines que j’affectionne et avec qui je discute. Avec les autres artistes féminines de ma génération, il n’y a pas de concurrence, on se porte vers le haut. Un truc est en train de changer, on le ressent.

Tout récemment, tu as partagé un message sur Instagram par rapport à la bipolarité, une maladie qui te touche comme de nombreuses personnes parfois oubliées. Peux-tu nous en parler un peu plus ? La musique est-elle un exutoire pour toi ?

Oui effectivement, ça se retrouve beaucoup dans ma musique ! Ce sera encore plus le cas sur mon album que je prépare actuellement. Ce sujet m’intéresse particulièrement et j’ai envie d’en parler à ma manière. L’écrire c’est une bonne chose mais j’ai besoin de le chanter. Il faut aborder cette maladie un peu taboue, montrer aux gens que cela existe, ce n’est pas seulement une expression. La bipolarité touche beaucoup de monde, ce n’est pas une blague ! Je ne compte pas être une porte-parole car je n’ai ni les épaules pour cela ni l’envie. Mon but est d’informer. On idéalise trop cette maladie. Bien-sûr, il y a des phases euphoriques qui sont plutôt agréables mais ce n’est qu’un aspect, un point positif qui cache le reste.

Pour conclure, si tu devais collaborer avec un artiste programmé sur le BISE Festival, qui serait-ce ?

Julien Granel. Je l’avais vu en première partie d’Angèle au Zénith de Nantes, j’aime beaucoup ce qu’il fait.

Pyaar disponible depuis le 22 novembre dernier
Paramour
Le 16 mai au festival Les 3 Elephants
les3elephants.com

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard