Malik Bentalha, du Jamel Comedy Club au Zénith
Il y a une dizaine d’années, Malik Bentalha montait sur les planches du Jamel Comedy Club. Aujourd’hui, une partie des talents dévoilés dans le JCC sont désormais en mesure de concurrencer leurs modèles, l’humoriste originaire du Gard fait partie de ceux-là. Des Cours Florent à son premier film en passant par l’influence du web sur les carrières artistiques, Malik Bentalha a répondu à nos questions avant sa date nantaise.
Tu as grandi dans le sud de la France. Est-ce que cela a été difficile pour toi de rejoindre la capitale et le Cours Florent il y a une dizaine d’années ?
Malik Bentalha : Ça a été car j’avais l’habitude d’y aller en vacances, j’ai une tante qui vit à Paris. Je n’étais pas totalement perdu en arrivant et puis je suis tombé amoureux de cette ville ! L’adaptation n’était pas si compliquée, j’avais vraiment envie d’y venir.
Je devenais indépendant, je venais d’avoir 18 ans. J’ai quitté ma province pour vivre seul, c’était une manière pour moi de rentrer dans le monde adulte.
Comment et quand as-tu su que tu voulais faire de la comédie ton métier ?
Je l’ai compris un peu malgré moi. C’est grâce aux conseils d’une prof d’espagnol, Mme Dupuis, qui me voyait sans cesse faire le clown. En terminale, elle m’a conseillé d’essayer et elle a convoqué mes parents pour leur en parler. Elle nous a parlé du Cours Florent et c’est comme ça que je suis monté à Paris. A l’époque, j’avais vraiment du mal à concevoir que l’on puisse en faire un métier.
Quelle a été la réaction de tes parents vis -à-vis de ce choix ?
Elle ne m’a pas soutenu directement. (rires) Et c’est normal, laisser son fils partir à Paris à l’âge de 17-18 ans, ce n’est pas simple. Après beaucoup de discussions et notamment avec ma prof, ils m’ont laissé un an pour tester et voir ce que cela donnait. Soit ça marchait et je continuais, soit c’était un échec et je redescendais dans le sud, à la fac. J’ai eu la chance de faire de belles rencontres en un an et de continuer.
Mis à part Jamel Debbouze et Gad Elmaleh qui t’ont apporté un grand soutien, sur qui as-tu pu compter à tes débuts ?
Alex Lutz ! Il a été d’une aide essentielle, c’est à coup sûr la personne la plus importante pour moi, dans ce milieu. Il m’a trouvé du travail, il m’a aidé lorsque je n’avais ni argent ni appartement. C’est le premier qui m’a découvert et qui m’a presque sauvé la vie finalement. Un ange gardien.
Et Jamel et Gad, forcément. Quand tu as 18 ans, que tu débarques à Paris et que tu rencontres deux monuments. J’étais très impressionné, un peu comme toute cette génération du Jamel Comedy Club qui lui doit beaucoup. Ce sont des aînés, des modèles presque. Eux ont été inspirés par Elie Kakou ou Smaïn, c’est normal d’avoir des figures que tu respectes.
Plus jeune, est-ce que tu t’intéressais aux humoristes ? Les suivais-tu ?
Oui bien-sûr ! J’ai pas mal de souvenirs avec mon père notamment, il écoutait beaucoup Rire & Chansons dans la voiture. Il adorait Desproges, Coluche et Bedos. Je pense que mon envie vient de là aussi. Il m’a fait découvrir beaucoup de spectacles.
Tu participes à de nombreux films, n’est-ce pas compliqué de jongler sur ces deux tableaux ?
Je trouve ça assez complémentaire. L’humour, c’est quelque chose d’instinctif, il y a beaucoup d’impro. Et tu as la réaction du public tout de suite !
Alors qu’au cinéma, tu tournes une scène, ensuite il y a le montage puis la post-prod puis l’étalonnage. Il y a toute une succession d’étapes avant que le film sorte et que le public donne son verdict. Le cinéma t’apprend la patience et l’écoute.
Sur scène, tu n’as personne en face de toi du moins si tu ne fais pas un duo, c’est vraiment différent.
Certains humoristes disent vouloir terminer leur carrière dans le cinéma. Serait-ce l’idéal pour toi aussi ?
La vérité du jour n’est pas celle de demain mais je ne pense pas. Si j’arrête la scène, elle va finir par me manquer à un moment. J’espère pouvoir aider des jeunes humoristes comme on a pu m’aider. J’aimerais produire de jeunes artistes, pourquoi pas, avec le temps et l’expérience. Renvoyer la pareille, c’est quelque chose de très important pour moi.
Tu travailles sur l’écriture de ton premier film. Que peux-tu nous dire à ce sujet ?
C’est un film qui me tient à cœur depuis longtemps. C’est une comédie d’aventure familiale un peu dans la veine de Jumanji, Indiana Jones mais en version parodique. Il s’appellera Jack Mimoun, ce sera l’histoire d’un aventurier loser, je jouerai le rôle principal.
Dans l’idéal, il sortira en 2021. On est en train de l’écrire, j’espère qu’on le tournera l’an prochain mais tout ne dépend pas de nous. Dans le cinéma, ça prend souvent du retard mais rarement de l’avance ! (rires) J’aimerais tenir ces délais-là. On prendra le temps que ça prendra, je veux quelque chose de qualité, que les gens se marrent !
Par rapport au One Man, comment penses-tu avoir évolué depuis tes débuts sur scène ?
Le vrai changement pour moi, c’est de n’avoir plus eu peur en montant sur scène. Quand tu as peur ça se voit, j’appréhendais beaucoup les réactions du public. Dorénavant, quand je monte sur scène, je suis totalement détendu et souriant. Je monte en ayant envie de m’éclater, je n’ai plus peur de me rater. Cette bascule-là a tout changé dans ma carrière. Il faut renvoyer une énergie positive et même si je prends un bide, il faut en rigoler.
Sur Encore, quels thèmes as-tu voulu mettre en avant ?
Je laisse beaucoup de place à l’impro, une quinzaine de minutes minimum. Dans mon spectacle, je parle de tout, des végétariens, des salles de sports, des événements tragiques que l’on a connu dans notre pays … J’évoque aussi les films que j’ai pu faire, ce que ça a changé pour moi.
Avec la puissance du net, et ce quel que soit le milieu artistique, n’est-ce pas un peu difficile de ne pas se faire influencer par ce que l’on voit ?
Au tout début de ma carrière, j’écoutais beaucoup ce qui se faisait, ce qui se disait. Aujourd’hui, il faut réussir à faire un vrai travail sur soi pour ne pas croire tout ce qui se dit sur les réseaux. Il faut écouter son cœur, faire ce que l’on a envie et se faire confiance.
Un mot pour les Nantais ?
J’ai toujours été très bien accueilli quand je suis venu au Zénith en première partie d’autres humoristes. Je trouve que Nantes est une ville incroyable, très dynamique. J’ai hâte de revenir y jouer. Vous êtes mes petits canaris préférés ! (rires)