Adélaïde et ses compères connaissent un succès insolent

Thérapie Taxi est devenu en quelques temps un groupe français incontournable. Les dates s’enchaînent dans l’hexagone, le succès de leur premier album Hit Sale a permis cela. Ils fêteront sous peu le premier anniversaire de cet opus particulièrement réussi. Après un peu de repos bien mérité, ils enchaîneront avec une tournée printanière et de nouveaux projets écloront ensuite. Pour patienter avant leur venue à Stereolux, Adélaïde, chanteuse du groupe, vous en dit un peu plus sur le trio parisien.

Coma Idyllique, votre premier projet, est sorti en 2017. Pensiez-vous vous faire connaître en si peu de temps ?

Adélaïde : On a toujours cru en ce qu’on faisait mais je ne pense pas que l’on imaginait réussir si vite. C’est assez abstrait, quand tu n’es pas dans ce milieu tu ne sais pas ce que veut dire « un album qui marche ». On ne savait pas trop à quoi s’attendre, tu te dis « ce serait bien qu’on fasse x vues sur cette vidéo » mais le virtuel ce n’est rien finalement. Tu commences à tilter quand tu remplis des salles de concert et que l’ambiance est exceptionnelle ! Quand les gens chantent tous tes morceaux, tu prends vraiment conscience du truc..

Comment vivez-vous le succès de Hit Sale et les changements que cela a impliqué ?

Je pense que les gens s’imaginent beaucoup de choses mais on ne se fait pas arrêter à chaque coin de rue par des gens hystériques ! (rires) Ça n’a pas vraiment changé notre vie personnelle. L’aspect professionnel a beaucoup évolué par contre, le planning est très chargé et nous passons une grosse partie de notre temps en tournée.
En fait, le plus surprenant, c’est sûrement notre rapport au public, c’est très agréable de les rencontrer après les live. Ils viennent nous voir, ils sont très contents et c’est vraiment satisfaisant. Le nombre d’écoutes sur les plateformes de streaming est très impressionnant également, on n’en revient jamais.

Vous êtes l’un des groupes français qui a le plus tourné dernièrement, n’est-ce pas usant à force ?

Parfois, c’est difficile, on ne le cache pas. Mais ça vaut tellement le coup … Ce n’est pas grave.
C’est très fatigant mais nous sommes bien organisés pour y arriver. On enchaîne les concerts et on essaie toujours de se donner au maximum pour notre public. En live, nous sommes cinq sur scène donc si l’un d’entre nous a un petit coup de mou, les autres compensent. On est très solidaires, on s’encourage mutuellement et puis si le public est chaud on oublie vite nos soucis.

Thérapie Taxi Hit Sale Xtra Cheese
© Romain RIGAL

Les versions Deluxe sont parfois stigmatisées comme étant uniquement des objets marketing. La votre, Hit Sale Xtra Cheese, est sorti le 16 novembre dernier. Selon toi, qu’apporte-t-elle de plus ?

Pour nous, c’est une vraie sortie. L’idée était de finir Hit Sale qui ne l’était pas vraiment. Quand tu dois tenir des délais, tu ne fais pas forcément tout ce que tu avais l’intention de faire au début du projet. Musicalement, on n’avait pas réussi à exprimer toutes les couleurs que l’on souhaitait. On a atteint ce que l’on voulait avec cette nouvelle version notamment et ses nouvelles touches électroniques. Si nous avions eu 3 ans pour sortir Hit Sale, nous aurions pris davantage le temps pour proposer un album complet tel quel mais ce n’était malheureusement pas possible.
Beaucoup d’artistes font des rééditions en ce moment et on ne comprenait pas toujours pourquoi avant que cela nous arrive. Nous nous sommes retrouvés avec plusieurs morceaux supplémentaires et nous avons tout de suite pensé à cette version Deluxe, c’était une évidence. Ces morceaux ne pouvaient pas sortir deux ans après Hit Sale, ils n’auraient eu aucun sens, ils sont liés à l’univers de cet opus. On ne pouvait pas attendre plus longtemps, il fallait garder cette cohérence.

On retrouve sur ce disque deux morceaux de votre premier EP remixés. Il s’agit de « Coma Idyllique » (remixé par Yuksek) et de « Pigalle » (remixé par Contrefaçon). Que peux-tu nous dire sur ces deux collaborations ?

Pour être honnête, on ne connaît pas Yuksek. (rires) On adore son travail et on cherchait quelqu’un pour faire un remix de « Coma Idyllique » un peu plus électro. Notre label nous a aidé à le contacter, il a répondu positivement tout de suite. Rien de très personnel malheureusement mais le résultat nous a beaucoup plu.
Contrefaçon, c’est plus intime. C’est un groupe que l’on connaît depuis deux ans maintenant, on est devenu potes. On est vraiment fan de ce qu’ils font, c’était l’occasion de faire quelque chose ensemble.
On aime bien aller chercher des styles qui n’ont rien à voir avec notre musique mais il faut savoir être patients, les collaborations doivent être naturelles.

Pour revenir sur ce dernier point, comment avez-vous convaincu Roméo Elvis de faire un feat. avec vous avant même la sortie de votre premier album ?

J’écoutais beaucoup ce qu’il faisait. J’en ai parlé à Raph’ qui est devenu fan de sa musique. Il écoutait beaucoup Roméo Elvis à l’époque de l’écriture de « Hit Sale ». Lors de sa première version, il avait laissé un trou sur le 2ème couplet et il était persuadé qu’il fallait le proposer à Roméo Elvis. Notre label a encore une fois bien fait le taf, ils ont beaucoup de connexions dans le rap et ils ont réussi à attirer son attention. Ils lui ont envoyé la maquette et il leur a répondu : « pourquoi pas ». Le lendemain de cet envoi, on tournait une vidéo pour Vevo live. Il s’est avéré que Roméo passait juste après nous faire un enregistrement avec Angèle, sa sœur. Donc, forcément, nous l’avons attendu ! Il s’est ramené avec tous ses potes, Caba & Jeanjass etc. On s’est pointé devant eux, on s’est présentés et nous avons pu discuter un peu, un hasard heureux !
Après tout cela, on s’est recroisés sur quelques dates et il a explosé. On s’est dit qu’il n’allait plus vouloir faire ce couplet par manque de temps … Vous connaissez la fin de l’histoire. C’était vraiment une bonne surprise !

Comment vous est venu l’idée du clip « Avec ta zouz » sorti en octobre et dernier et qui dépasse maintenant les 4 millions de vues ?

Une nouvelle fois, on a travaillé avec l’équipe d’Original Kids sur ce clip. Ils avaient déjà fait la trilogie : « Hit Sale » – « Cri des Loups » – « Anti Hit Sale ». C’est eux qui nous ont proposé ce thème : église / christianisme. Nous pensions à quelque chose de plus terre à terre, dans une soirée … Leur idée nous a plus tout de suite, le décalage est réussi. Le résultat est drôle et un peu provocateur, il nous ressemble. C’est ce qui nous plaît même si nous appréhendions un peu les premières réactions. En tout cas, c’était bien marrant d’être costumés pour l’occasion !

Vos morceaux tournent tous, ou presque, autour d’histoires d’amour, de sexe, de soirées. Considérez-vous tout ça comme une réelle thérapie ?

Oui carrément ! Tout ce qu’il y a dans l’album correspond à une situation vécue qui nous a fait du bien ou du mal. C’est un album assez autobiographique.

Et, dans un avenir proche, pensez-vous aborder d’autres thèmes ?

Je pense que les sujets dont on a parlés reviendront toujours, sous d’autres formes. C’est inépuisable ! (rires) Mais oui, l’idée est d’aller chercher autre chose, de plus profond je pense. Ce sera sûrement plus introspectif à l’avenir, on ira plus loin dans la thérapie !

Est-ce vraiment une volonté de votre part de devenir un groupe « faiseur de tubes » ?

Non pas du tout. Pour « Hit Sale » c’est un mélange de travail acharné et de chance. Le refrain est arrivé assez tôt et on s’est tout de suite dit qu’il déboîtait ! Comme on ne savait pas si Roméo Elvis allait figurer sur le titre, on a bossé les couplets de notre côté, au cas où ! On voulait la sortir quoi qu’il arrive. Au final, la chanson a eu 83 versions. (rires) On a cherché le truc le plus efficace possible, c’est clair. Avec un refrain pareil, on ne voulait pas gâcher pour le potentiel.
Pour les autres morceaux, c’est un peu du hasard, on ne cherche pas à faire des hits. Et puis on a remarqué que le public choisissait ses propres tubes. La chanson « J’en ai marre » a été choisi par notre public par exemple, pour nous ça n’a jamais été un single mais pourtant elle cartonne ! Très vite, on s’est aperçu qu’elle était très chantée en concert, à notre plus grande surprise ! On ne s’y attendait pas du tout, tu n’imagines pas tout ça au studio.

Quelles sont vos résolutions pour cette nouvelle année ?

Le mois de janvier est notre mois de pause donc ce sera plutôt cool pour démarrer. On espère que la tournée du printemps sera à la hauteur de ce qu’on a déjà fait et que les gens nous écouteront toujours autant.
On souhaite que ce qu’on sortira ensuite plaira à notre public.
En tout cas, il faut qu’on reste fidèles à nous-mêmes !

Et dans notre société, qu’est-ce qui pourrait arriver de bien en 2019 ?

Une sorte d’éveil collectif et ça commence à se voir. Il y a beaucoup de bonnes initiatives qui apparaissent, il faut juste que tout ça se fasse dans un élan commun. Si chacun gueule plus fort que l’autre et que personne ne s’écoute, on n’avancera pas.

Un petit mot pour les nantais qui vous soutiennent depuis le début ?

On les kiffe les nantais ! On ne sait pas trop pourquoi mais tous nos concerts sont complets à Nantes depuis le début, c’est génial. (rires) On adore jouer là-bas et la ville est cool franchement.
Raph’ est totalement fan du FC Nantes en plus de ça, il met son maillot sur scène. Même moi je m’y suis mise, j’ai trouvé un maillot nantais dans une friperie. Je ne pouvais pas ne pas le prendre ! (rires)
Et puis on aime bien y croiser nos potes d’Inüit, c’est toujours un plaisir.

Thérapie Taxi – « Hit sale Xtra Cheese »
Sorti le 16 novembre dernier chez Panenka Music

En concert vendredi 12 avril à Stereolux (complet)

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard