Une princesse pop sincère et envoûtante

En 2017, Alice et Moi sortait Filme-moi, son premier EP. Quelques milliers d’écoutes plus tard, l’artiste, qui se dit parfois bipolaire, n’a toujours pas de maison de disque et bataille pour confirmer ce premier succès. Son deuxième disque paraîtra donc en indé dans les semaines à venir. Elle ne compte pas vous décevoir et vous promet d’ailleurs une « grosse teuf tous ensemble » quand elle viendra sur Nantes. Présente à Cabourg cet été, elle a su conquérir le public par sa prestation live, gageons qu’elle fasse de même avec vous ! Prendre des risques, assumer, s’éclater, voilà le quotidien artistique d’Alice qui se raconte dans cette interview.

Alice et Moi

« Il y a deux significations pour moi. La première est en rapport avec ma vie. Pendant longtemps, j’étais cette fille étudiante qui avait peu confiance en elle, quelqu’un de sensible. Je ne renie pas du tout cette facette de ma personnalité même si elle est beaucoup moins présente aujourd’hui. Et de l’autre côté, il y a cette fille plutôt « badass » qui à la rage sur scène, très enthousiaste et qui n’a peur de rien. En soi, je pense que l’on a tous ces deux facettes plus ou moins développées. Je ne pensais pas découvrir autant cette partie enthousiaste, je ne me voyais même pas monter sur scène ! C’était impensable, j’étais vraiment introvertie.
La 2ème signification est liée au public, je trouvais ça superbe de les inclure. « J’écoute Alice et moi », comme si on se connaissait depuis longtemps, qu’il y avait une relation. »


« Entre le coup d’un soir et les louanges de l’amour, je cherche l’équilibre »


De Sciences Po à la scène

« Je suis beaucoup plus heureuse et épanouie maintenant, plus que jamais. Je ne me trouvais pas à ma place, je me posais beaucoup de questions sur le futur, je ne me voyais pas rester comme ça en fait.
Il fallait quelque chose pour m’extirper et j’ai mis un peu de temps à comprendre que ce serait la musique. C’est un beau métier, cela donne envie mais c’est quand même très stressant et instable. Après mes 5 ans d’étude, les gens attendaient autre chose de moi mais je me suis lancée.
Pendant longtemps, je n’ai pas osé. Je suis arrivée à un point où il fallait que cela change. Je n’ai pas eu le choix, j’ai été au bout de ce tout que j’ai entrepris mais rien ne me plaisait vraiment. Malgré mon diplôme en poche, j’ai préféré ne jamais chercher de boulot dans ce secteur. Ça me rebutait complètement. J’ai besoin de me lever pour faire quelque chose qui me passionne, avec la musique je n’arrête pas de bosser mais ça me plaît ! »

« J’veux sortir avec un rappeur »

« Je voulais faire un clin d’œil à ce mouvement. Plus jeune, j’écoutais un peu de NTM, du Eminem et ce que tout le monde connaissait mais ça s’arrêtait là. J’étais plus rock ou chanson française. J’ai deux jeunes frères et en grandissant ils m’ont fait découvrir ce milieu. Ce que j’aime dans le rap, c’est qu’on puisse dire ce que l’on pense parfois sans trop réfléchir. Quand le texte est mis en priorité, cela me touche. C’est comme ça que j’ai d’ailleurs commencé la musique. Le texte, la mélodie et enfin la compo. Le rap c’est devenu un peu le rock d’autrefois, toutes les filles les adulent ! C’est en observant tout ça que m’est venue cette idée de titre. Comme eux, j’ai donc fait cette chanson spontanément. La moi d’avant ne l’aurait sûrement pas fait ! Ça change de ce que je sors habituellement mais je n’ai pas hésiter. Les gens ont compris que c’était du second degré, c’est ce que je souhaitais, un titre décalé.
Il y a aussi un petit côté féministe dans ce titre, dans le sens ou je sors avec un rappeur mais je garde tout de même le contrôle. Le clip le montre bien. J’aime le rap, je m’en amuse et me moque gentiment.
J’évoque souvent des émotions dans mes morceaux comme dans « Cent fois ». Cela me plaît d’aller dans les extrêmes. C’est ce que j’ai fait ici.
Les morceaux de mon EP ne ressembleront pas à ça, c’est une exception. (rires) »

Tes coups de cœur rap du moment

« Lomepal, Roméo Elvis avec « Drôle de question » notamment, Orelsan mais depuis longtemps. Damso aussi, avant des rendez-vous importants je m’écoute « N. J Respect R », je suis une petite meuf donc ça me donne de la force ! (rires) j’aime ce côte rentre-dedans. »

La langue française

« Pour moi, il y a quelque chose de différent lorsque tu chantes en français même si j’apprécie l’anglais. Ça te permet de parler directement aux gens comme tu le ferais dans la vie quotidienne avec tes proches. Dans l’art, on a envie d’être proches des gens du moins c’est ce que je pense et la langue française permet cela. J’ai fait de la musique pour être honnête et sincère, je ne pourrais pas le faire dans une autre langue. Je raconte ce qui me passe par la tête, sans filtre. »

Sensualité

« J’assume totalement d’être une chanteuse sensuelle comme à travers le titre « Filme-moi ». Je ne veux juste pas que l’on me réduise à ça. « C’était cool, t’es sexy sur scène. » Ce genre de remarque ne m’intéresse pas. Après que l’on trouve de la sensualité dans mes propos et dans la manière de les dire, cela me fait plaisir, c’est ce que je veux partager. Comme je le disais, je suis sincère dans ma musique et si les gens le ressente c’est une réussite.
Il faut bien savoir s’en servir. La sensualité apporte plein d’émotions. Cela fait partie d’un jeu mais c’est aussi ancré en nous. Ma voix la retranscrit et c’est tant mieux, ça me plait ! C’est aussi une force, je ne me cache pas. J’évoque mes histoires de cœur, mes histoires de cul. Cela ne choque pas, je suis dans mon époque. Après, je ne veux pas que ça prenne le dessus sur l’ensemble de mon travail. Je n’ai juste aucun souci avec ça et j’en profite. »

Alice et Moi
© Nicolas Wagner

Romantisme et provoc’

« Je suis très romantique, une vraie fleur bleue. Mais cela ne m’empêche pas d’être forte à côté. J’en reviens à cette double personnalité qu’évoque « Alice et moi ». Mon EP, qui sort dans quelques semaines, a un côté « provocation » qui complète cette partie romantique déjà mise en avant dans mes premiers morceaux. En fait, entre le coup d’un soir et les louanges de l’amour, je cherche l’équilibre. »

L’œil

« J’aborde beaucoup cette notion de regard. J’ai parfois du mal à être comprise, le regard permet cela. Lorsque j’étais jeune, je dessinais ce symbole et je pensais à ce que serait ma vie si j’avais un œil magique. Il me permettrait d’avoir plus confiance en moi, de voir les gens différemment. Ces souvenirs me sont revenus récemment, j’ai mis cet œil dans un clip et depuis ça a pris de l’ampleur. Les gens se le dessinent parfois sur leur main avant de venir en concert, c’est fort ! De ma chambre à la scène, ce symbole m’accompagne. »

L’aspect visuel de ton univers

« J’ai réalisé certains clips toute seule comme « Cent fois » et pour d’autres ce sont des réalisatrices extérieures à qui j’ai fait appel. Cela me permettait d’avoir un autre point de vue. J’ai toujours eu des images en tête, elles font partie de la conception de ma musique. J’ai même souhaité devenir réalisatrice il y a quelques années mais j’ai échoué lamentablement. (rires) Ce n’est pas aussi fort que ma passion pour la musique mais c’est très important pour moi. Mes clips doivent être complets, détaillés et sincères. »

Angèle

« Je rêverais d’être sa meilleure amie et de traîner avec son frère (NDLR Roméo Elvis) d’un point de vue totalement amical bien-sûr. (rires) Cette famille vend du rêve ! »

« C’est de la Frénésie »
Extrait du prochain EP d’Alice et Moi qui sortira le 22 février prochain

Propos recueillis par Alban Chainon-Crossouard